Japon : dans un village rayé de la carte

© PIERRE DE COSSETTE/EUROPE 1
  • Copié
avec Pierre de Cossette , modifié à
REPORTAGE - A Minami-Sanriku, la population reste désemparée deux semaines après le drame.

De toutes les petites villes côtières qui ont subi le tsunami, Minami-Sanriku, située tout près de l’épicentre du séisme du 11 mars, est peut-être celle qui a le plus souffert. Ravagé par une vague de trente mètres, selon certains, ce charmant petit port de pêche n’est plus qu’un champ de gravats et de ruines, deux semaines après la catastrophe. Pierre de Cossette, l’envoyé spécial d’Europe 1, a pu constater sur place le désarroi d’une population en plein doute sur l’avenir même de ce village rayé de la carte.

"Une gigantesque décharge à ciel ouvert" :

Perché sur une petite colline qui surplombe la ville, le collège de Minami-Sanriku est l’un des rares bâtiments à avoir échappé à la vague. De ses fenêtres, on domine toute la vallée, ce goulet dans lequel l’eau s’est engouffrée, et surtout cette ville rayée de la carte du Japon. Le petit port de pêche ressemble à une gigantesque décharge à ciel ouvert.

Alors, par quel bout commencer ? Au milieu des bulldozers qui finissent de démolir les restes des maisons, M. Kato se demande tout simplement si Minami-Sanriku renaîtra un jour. "Reconstruire la ville, je pense que c’est quasiment impossible. Il y a 35 ans, il y a déjà eu un tsunami. Mais il y a une grande différence entre les gens qui ont survécu à l’époque et la génération actuelle. J’ai des doutes sur les capacités des jeunes d’aujourd’hui à redonner vie au village."

A côté de M. Kato, un militaire, pince à la main, découpe un câble électrique qui bloque une rue. Combien de temps faudra-t-il pour reconstruire ? Personne n’en a la moindre idée. Il faudrait déjà tout déblayer, des milliers de tonnes de gravats. Les rescapés qui reviennent sur place essayent pour l’heure, et sans grand espoir, de retrouver quelques affaires.