Italie : "la fin du berlusconisme" ?

Silvio Berlusconi s'est vu infliger une claque électorale lundi.
Silvio Berlusconi s'est vu infliger une claque électorale lundi. © Reuters
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Plana Radenovic , modifié à
REVUE DE PRESSE - A la Une des journaux italiens, la claque du Cavaliere aux référendums.

La "gueule de bois" du clan Berlusconi, désavoué dans les quatre référendums lundi, est à la Une de tous les journaux italiens mardi. La Stampa, quotidien turinois de centre-gauche, titre sur le "boom de l’affluence", déterminante pour les référendums sur la privatisation de l’eau, le nucléaire et l’immunité pénale du Cavaliere. En effet, pour que la consultation soit valable, il fallait qu'au moins 50% des électeurs plus un se déplacent.

Un quorum "largement atteint", avec 57%, titre La Repubblica, quotidien de centre-gauche, avec une conséquence obligée, pour le journal : la démission du président du Conseil.

"Maintenant tu démissionnes"

Dans tous les journaux, l’opposition, menée par Pier Luigi Bersani, chef du Parti démocrate (Pd), réclame à tort et à travers la tête du Cavaliere : "maintenant tu démissionnes", a-t-il déclaré. Le leader de gauche parle, dans le très neutre Il Tempo, de "séparation entre le gouvernement et le pays". Pour Nichi Vendola, plus à gauche sur l’échiquier politique, c’est ni plus ni moins que "la fin du berlusconisme".

Du côté de la Ligue du Nord, allié du PdL (le parti de Berlusconi) au gouvernement, le soutien se fissure. L’Unità, quotidien communiste, informe que les leaders de la Ligue du Nord ont fait une réunion de crise lundi, mais rien n’a filtré sur le contenu de cette rencontre. Le ministre de la Simplification législative Roberto Calderoli, membre de la Ligue, a tout de même crié son mécontentement, affirmant "en avoir marre de prendre des claques". Il évoquait le cinglant désaveu déjà infligé à la coalition au pouvoir lors des municipales il y a deux semaines.

"Un message direct au gouvernement"

Et les catholiques, corps électoral très important en Italie, marqués par les scandales sexuels au cœur du "berlusconisme", montrent leur mécontentement dans le très lu Famille Chrétienne. "L’issue du référendum est un message direct au gouvernement", qui doit montrer sa responsabilité", écrit l’agence de presse officielle de la conférence épiscopale italienne. "L’eau est un don de Dieu et un bien commun", insiste Famille Chrétienne.

Cette coalition hétéroclite d’anti-Berlusconi s’est retrouvée lundi soir, dans plusieurs villes d’Italie, pour la "fête du oui". A coup de slogans comme "Berlusconi touché en plein quorum", l’affluence était grande dans les rues de Rome, comme le montre le diaporama photo de La Repubblica.

Berlusconi "accepte le résultat"

Face à cet énorme désaveu, le Cavaliere ne peut qu’"accepter le résultat", titre le quotidien pro-Berlusconi Il Giornale. "La gauche a instrumentalisé le référendum, mais au-delà du résultat, le centre-droit doit prendre acte de ce moment difficile en réagissant de la seule manière possible : avec des réformes et une nouvelle identité", affirme l’éditorial. La force du président du Conseil était "son rapport direct avec son électorat", ce qui "lui avait permis des succès électoraux depuis 16 ans", a analysé pour Europe 1 le journaliste à La Stampa Cesare Martinetti. Le désaveu n'en est que plus fort.

Mais pour Bruno Bartoloni, journaliste au Corriere della Sera, interviewé par Europe 1, Silvio Berlusconi est "un personnage qui est capable de s’accrocher pour rester au pouvoir".