Des bus à l'heure, symbole du renouveau du Mali

A l’époque, il n’y avait que deux liaisons par semaine pour Gao. Aujourd’hui, il y a un départ tous les jours à 15 heures.
A l’époque, il n’y avait que deux liaisons par semaine pour Gao. Aujourd’hui, il y a un départ tous les jours à 15 heures. © Europe1 - Xavier Yvon
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Charles Carrasco avec Xavier Yvon, envoyé spécial au Mali , modifié à
REPORTAGE E1 - Huit mois après le début de l’opération Serval, la vie reprend doucement à Bamako.

L’INFO. François Hollande sera au Mali jeudi pour l'investiture du nouveau président malien, Ibrahim Boubacar Keita. Il a déjà prêté serment après son élection au mois d’août, mais il s'agit cette fois d'une cérémonie festive à laquelle sont conviés les habitants.

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© Europe 1

>>> Plus de huit mois après le début de l'intervention française pour chasser les groupes djihadistes du pays, la vie a repris difficilement mais la peur en moins à Bamako, comme a pu le constater sur place l’envoyé spécial d’Europe 1, Xavier Yvon. 

Dans ce bus qui assure la liaison entre Bamako et Gao, au Nord, ancien fief des islamistes, tous les deux n’auraient jamais pu se retrouver assis côte à côte il y a encore huit mois : un chanteur traditionnel, interdit d’activité par les islamistes, et une femme, avec son boubou vert, toute émue de rentrer d’exil : "depuis deux ans, depuis que ces événements se sont passés, je n’avais jamais été à Gao".

>>> A lire : Et si l’armée française restait plus longtemps ?

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© Reuters

Comme cette femme, tous les passagers ont le sourire même coincés entre les sacs, les paniers et les paquets. Ils n’ont plus à craindre ce moment où leur bus arrivera en territoire islamiste. Leur chauffeur, Daouda Dembia a vécu avec cette peur, lui qui a continué à effectuer le trajet jusqu’à la libération du nord Mali. "Avant, quand je quittais Bamako pour Gao, avec les islamistes, on ne fumait pas. Ils mettaient dans le bus un rideau entre les femmes et les hommes. Les femmes derrière, les hommes devant. Maintenant, il n’y a plus ça. Il y avait moins de passagers par rapport à aujourd’hui", constate-t-il. La raison ? "Les gens avaient peur d’aller au Nord", assure le chauffeur du bus.

"Aujourd’hui, Dieu merci, tout le monde est rentré à Gao. Même le bus de demain est déjà plein, celui d’après-demain aussi", se réjouit-il. A l’époque, il n’y avait que deux liaisons par semaine pour Gao. Aujourd’hui, il y a un départ tous les jours à 15 heures. Les portes se ferment. Des mains s’agitent aux fenêtres avec seulement 17 minutes de retard. Le bus se met en route. C’est peut être ça aussi, le renouveau du Mali.  

>>> A l'autre bout de la ligne de bus, Gao. L'envoyé spécial d'Europe 1 s'est rendu dans cet ancien fief des islamistes. Comme le montre cette vidéo tournée sur place, l'ancien tribunal islamique est aujourd'hui redevenu un hôtel de ville :

Mali : Gao, huit mois après l'opération Servalpar Europe1fr