Côte d'Ivoire : Gbagbo poussé au départ

Les forces d'Alassane Ouattara disent avoir lancé leur "assaut final" à Abidjan.
Les forces d'Alassane Ouattara disent avoir lancé leur "assaut final" à Abidjan. © MAXPPP
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avec agences , modifié à
Revivez avec Europe1.fr les événements de mardi en Côte d'Ivoire.

Laurent Gbagbo continue de s'accrocher au pouvoir. Retrancher dans un bunker, sous le feu de l'ONU et de la France, en première ligne dans ce conflit, l'ex-président ivoirien serait en train de négocier sa reddition. Même s'il a encore affirmé mardi soir qu'il ne négocierait pas son départ.

Revivez la journée de mardi en Côte d'Ivoire :

22h07 : Un nouveau charnier de 200 corps. Les Nations unies ont estimé mardi à "plusieurs centaines" le nombre de personnes qui ont péri dans des massacres la semaine dernière à Duékoué, dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire, révélant dans le même temps l'existence d'un nouveau charnier. La prise mardi dernier par les combattants favorables à Alassane Ouattara de Duékoué, important carrefour de l'Ouest ivoirien, s'est accompagnée de massacres à grande échelle.

Près de 200 cadavres auraient été retrouvés dans ce charnier et d'autres à plusieurs endroits dans la ville. De son côté, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) estime qu'"au moins 800 personnes" ont été tuées mardi 29 mars lors de "violences intercommunautaires" à Duékoué. Caritas avance le chiffre d'un millier de morts ou disparus.

21h09 : "Tirs sporadiques" à Abidjan. Un "arrêt des combats" est constaté à Abidjan, à la suite d'un appel au cessez-le-feu du camp du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, mais des "tirs sporadiques de la part de groupes de jeunes" subsistent, a indiqué mardi la mission onusienne.

20h42 : Gbagbo a exprimé le désir de se rendre, selon un responsable de l'ONU. Le président sortant ivoirien "ne s'est pas rendu mais en a exprimé le désir et a demandé la protection des Nations unies", a assuré mardi un responsable des Nations unies à New York, sous couvert d'anonymat. Ce dernier a fait état de négociations en ce sens.

Laurent Gbagbo s'est exprimé mardi soir sur LCI, en exclusivité, durant 20 minutes. Le président sortant, interrogé à 19h30, a assuré "avoir gagné l'élection" présidentielle ivoirienne de novembre dernier. "Je ne négocie pas mon départ", a-t-il ensuite affirmé avant d'ajouter que "la France est entrée directement en guerre contre nous". "Je ne suis pas un kamikaze" et je "ne recherche pas la mort", assure Gbagbo.

Évoquant le document que la France et l'ONU lui ont demandé de signer, et dans lequel il devait renoncer au pouvoir en Côte d'Ivoire et reconnaître Alassane Ouattara comme président du pays, il a déclaré : "je ne reconnais pas la victoire de Ouattara. Pourquoi voulez-vous que je signe ça ? (...) Je trouve absolument ahurissant que la vie d'un pays se joue sur un coup de poker de capitales étrangères".

Alain Juppé a refusé de confirmer mardi soir une éventuelle reddition de Laurent Gbagbo. "Il y a aujourd'hui, en ce moment-même, des tractations entre Gbagbo et ceux qui l'entourent encore, et puis le représentant du secrétaire général des Nations unies et également l'ambassadeur de France", a assuré le ministre français des Affaires étrangères, invité de France 2. "J'espère que le plus rapidement possible, Gbagbo va accepter la réalité, c'est-à-dire qu'il est désormais isolé et qu'il doit reconnaître que le seul président légitime et légal de la Côte d'Ivoire, c'est Alassane Ouattara", a toutefois précisé Alain Juppé. "On peut imaginer que Gbagbo a encore des prétentions. Ce que nous avons demandé c'est que sa sécurité personnelle soit garantie. C'est à l'Onuci d'assurer cette sécurité et ensuite aux autorités ivoiriennes de négocier les conditions de son départ", a-t-il indiqué. Dans ce dossier, la France joue le rôle de "facilitatrice, elle participe aux négociations", a-t-il détaillé.

20h01 : Toujours des tirs de mitrailleuses à Abidjan. Le silence d'Abidjan est encore troublé par les rafales de mitrailleuse lourdes des soldats de l'armée française déployés pour sécuriser les quartiers sud et protéger les ressortissants dans des quartiers encore dans l'anarchie totale, indique François Clauss, envoyé spécial en Côte d'Ivoire pour Europe 1. Il y a des cadavres le long de la chaussée, des règlements de comptes, et les habitants sont terrés chez eux, parfois sans eau ni nourriture depuis plus de deux jours.

Pendant ce temps, une double négociation se joue. Le ministre des Affaires étrangères de Gbagbo est à l'ambassade de France, pour négocier une sortie politique de Gbagbo. Pendant ce temps-là, à l'autre bout de la ville, au siège de l'ONU, on discute avec deux généraux de Gbagbo les conditions d'une reddition militaire. L'ONU demande de rendre les armes, mais des milliers d'armes ont été distribuées pour une bouchée de pain un peu partout. La tâche sera longue et difficile, car la situation est fragile. Il faudra à Abidjan de longues semaines pour cicatriser des plaies encore ouvertes dans une ville exsangue.