Berlusconi va-t-il faire son come-back ?

Silvio Berlusconi laisse planer le doute sur sa candidature aux élections générales de 2013 en Italie, dans une interview à Libération.
Silvio Berlusconi laisse planer le doute sur sa candidature aux élections générales de 2013 en Italie, dans une interview à Libération. © REUTERS
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avec Reuters , modifié à
Alors qu'aucun successeur à Mario Monti ne se détache en Italie, "il Cavaliere" entretient le doute.

Le retour de Silvio Berlusconi à la tête de l’État de nos voisins transalpins est loin d'être une lubie. Peu d'alternatives crédibles à Mario Monti se détachent actuellement. Et "il Cavaliere" laisse planer le doute sur sa candidature aux élections générales de 2013 en Italie.

Dans une interview publiée samedi 11 août par Libération, l'ancien président du Conseil italien affirme que son parti, le Peuple de la liberté, le presse de revenir à l'avant-scène.

"Continuer à m'engager"

"Le fait est que tout le parti, à commencer par les députés, me demande de revenir pour bénéficier de ma popularité en campagne électorale", assure Silvio Berlusconi. "Je n'ai pas encore décidé, mais une chose est sûre : j'ai toujours été au service de mon pays."

Silvio Berlusconi souligne qu'il pourrait se relancer en politique pour faire barrage à la gauche italienne. "Ce qui me pousse à continuer à m'engager, c'est le sens des responsabilités envers mon pays et, peut-être, l'amertume de ne pas avoir pu faire tout ce que je voulais", a-t-il ajouté, tout en affichant sa loyauté envers le gouvernement actuel.

» Lire aussi : Berlusconi, de retour grâce à la crise ?

Pas de successeur pour Monti

L'idée d'un retour possible de Silvio Berlusconi illustre l'absence de relève à Mario Monti.  Bien qu'il ait restauré la crédibilité de l'Italie sur la scène internationale et su mettre en place une politique de réduction de la dette, Mario Monti n'entend pas être candidat à sa propre succession.

Selon les derniers sondages, près de 55% des Italiens se déclarent prêts à s'abstenir ou à voter blanc. Le parti démocrate de centre-gauche, qui soutient du bout des lèvres la politique d'austérité de Mario Monti, rassemble 26% des voix.  Le discrédit des partis politiques traditionnels conjugué au mécontentement lié à la crise économique et à la cure d'austérité ont également abouti à l'émergence spectaculaire du mouvement populiste Cinq Etoiles de l'humoriste Pepe Grillo. Ce dernier s'est notamment emparé de la mairie de Parme en mai et réunit jusqu'à 20% des sondés.

Or, certains sondages laissent penser que le Peuple de la liberté, parti de Berlusconi, atteindrait jusqu'à 28% si "il Cavaliere" se représentait, contre moins de 12% si l'actuel leader Angelino Alfano menait campagne seul.

Selon les analystes locaux, tout dépendra de la façon dont se positionnera Mario Monti. "Tous, secrètement, font le même rêve, voir Monti intégrer leur mouvement politique. Ils attendent ce moment qui ne viendra jamais", explique Erik Jones, directeur des études européennes à l'Université John Hopkins de Bologne.

Certains partis pourraient faire campagne en proposant un gouvernement reprenant des ministres de l'actuel gouvernement, tel celui de l'Industrie, Corrado Passera. "Si un parti parvient à s'inscrire dans la continuité de Monti, je ne pense pas que Berlusconi ait la moindre chance", conclut, de son côté, Franco Pavoncello, professeur de science politique à l'Université John Cabot de Rome.

Une opinion à nuancer, car la côte de popularité de Mario Monti est en chute libre depuis novembre dernier, et ne dépasse plus les 37%.

"Des soirées 'relax' pur, rien de sexuel"

Silvio Berlusconi avait dû abandonner les rênes de l'Italie en plein marasme à l'automne dernier. Jugé incapable de redresser les comptes du pays, il avait lui-même soutenu le technicien Mario Monti. De plus, "il Cavaliere" est accusé d'avoir eu des rapports sexuels tarifés avec une mineure.

L'ancien président du conseil italien se montre d'ailleurs confiant quant à l'issue du procès "Ruby", du nom de la prostituée avec laquelle il aurait eu ces relations. Pour lui, il s'agit d'une forme de "lynchage à des fins politiques" mené par des magistrats "extrémistes".

"Il ne s'est rien passé de particulier, uniquement des amis qui sont venus chez moi accompagnés d'admiratrices – aucune d'entre elles n'était escort girl – pour des dîners absolument tranquilles", explique-t-il à Libération. "Je suis une personne joyeuse et optimiste. Avec tout ce que j'ai subi, il fallait bien que j'ai des espaces de liberté et de divertissement. Mais c'étaient des soirées 'relax' pur. Il n'y avait rien de sexuel ou de prohibé", assure Sikvio Berlusconi.

Les prochaines élections législatives sont prévues pour le mois d'avril 2013. Silvio Berlusconi aura alors 77 ans.