Benoît XVI critique les Eglises allemandes

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avec agences
Le pape a regretté l'absence de résurgence de la foi catholique en Allemagne.

Benoît XVI a engagé samedi une critique subtile des Eglises allemandes, bien installées mais trop tièdes à ses yeux. Au troisième jour d'une visite dans son pays natal, le pape a toutefois salué la résistance des catholiques face aux dictatures. La veille,  il avait rencontré des victimes de prêtres pédophiles et loué la ferveur de Luther.

"De nouvelles possibilités" pour l'Eglise

Parlant à quelque 28.000 habitants réunis devant la cathédrale gothique d'Erfurt, le pape a d'abord salué la "soif d'authenticité" qui a conduit les citoyens de la RDA à vouloir la chute du Mur, estimant qu'ils n'avaient pas été seulement motivés par les promesses de prospérité. "La nouvelle liberté", après la chute du Mur, a-t-il noté, a permis de donner à l'Eglise "de nouvelles possibilités", alors que le régime communiste avait expurgé la culture chrétienne dans la population, à part quelques ilôts.

Le pape de 84 ans, qui semblait fatigué, a ensuite fait allusion aux problèmes des Eglises allemandes. Bien organisées, encore puissantes dans leurs structures, il a jugé qu'elles avaient malgré tout du mal à transmettre un message fort et à entraîner des fidèles dans une société individualiste et sécularisée. "C'est précisément dans une situation difficile d'une oppression extérieure que de nombreux catholiques résolus sont restés fidèles à l'Eglise", a-t-il dit. Les dictatures nazie et communiste ont eu sur la partie orientale de l'Allemagne l'effet ravageur d'une "pluie acide" pour la foi chrétienne, mais des catholiques ont su "dans un climat hostile, éduquer leurs enfants dans la foi", a ajouté Benoît XVI.

Rencontre avec des victimes de prêtres pédophiles

Le pape avait rendu la veille un hommage fervent et inattendu au Réformateur Martin Luther, soulignant sa "passion" pour Dieu dans cette ville où il vécut de 1505 à 1511. La journée de vendredi avait également été marquée aussi par une rencontre discrète du pape avec trois hommes et deux femmes victimes de prêtres pédophiles. "Il n'y pas eu de confrontation, ce n'était pas l'atmosphère de ces conversations, mais il s'agissait vraiment d'écouter et il est évident que le Saint Père a éprouvé de profonds regrets, il l'a exprimé clairement", a dit Mgr Stephan Ackermann.

Cette visite de Benoît XVI en Allemagne s'est déroulée jusqu'à présent dans une relative indifférence, hormis les manifestations contre ses positions jugées trop conservatrices sur le mariage homosexuel et le contrôle des naissances et contre l'attitude de l'Eglise dans sa gestion des affaires de pédophilie.