Belgique : un accord pour une sortie de crise

Elio Di Rupo a rencontré les chefs de huit partis politiques, jeudi soir.
Elio Di Rupo a rencontré les chefs de huit partis politiques, jeudi soir. © Reuters
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avec agences , modifié à
Les négociations ont repris jeudi soir, grâce au ralliement d'un parti flamand.

"Enfin !" s'exclamait la Une du site d'information belge La Dernière Heure vendredi matin. Les médias locaux saluent une première avancée vers la future formation d'un gouvernement, après 400 jours de paralysie.

Le chef socialiste francophone Elio Di Rupo a annoncé jeudi au roi Albert II qu'il était en mesure de lancer des négociations entre huit partis, dont le sien, en vue de former un gouvernement. Le souverain lui avait confié cette mission en mai 2010.

Au terme de sept longues heures de discussions, Elio Di Rupo est sorti d'une réunion en présence des responsables de huit partis, dont le sien, qui s'est achevée jeudi vers 0h45. Il s'est immédiatement rendu au palais pour rendre son rapport au souverain belge.

Au lendemain d'une morne fête nationale, la Belgique semble donc entrevoir vendredi une possible fin à la crise politique qui la prive de gouvernement depuis le 13 juin 2010.

Une "trève" jusqu’à la mi-août

Albert II a donné son aval pour la poursuite du processus. Les négociations ne devraient toutefois pas débuter immédiatement, indique un communiqué diffusé vendredi matin par le palais.

Le souverain a en effet demandé une "trève" à Elio Di Rupo jusqu'à la mi-août, pour permettre aux responsables politiques de se reposer de leur "grande fatigue" au terme de cette longue crise politique.

Dans sa mission, le chef du PS belge avait déjà essuyé un échec. Après un refus de la Nouvelle alliance flamande (N-VA) de négocier sur la base de ses propositions, Elio Di Rupo avait déposé sa démission le 8 juillet dernier, refusée par Albert II.

Un parti flamand rejoint les négociations

L'influence des séparatistes de la N-VA, en tête lors des législatives de juin 2010, avait entretenu le blocage du dialogue entre les partis.

Le déclic est cette fois-ci venu du parti des chrétiens-démocrates flamands, le CD&V, jusqu'alors solidaire de la N-VA dans son attitude. Son chef Wouter Beke s'était dit prêt, mercredi, à entamer des négociations. Provoquant ainsi la colère de la N-VA. En rejoignant les débats, les chrétiens-démocrates permettent enfin à la coalition d'espérer une majorité des deux-tiers au Parlement, indispensable au vote des réformes.

"Un équilibre fragile"

En attendant le début des négociations à la mi-août, un accord semble donc avoir été trouvé sur la méthode. Sur le contenu, l'agence de presse Belga estime toutefois que l'accord trouvé "repose sur un équilibre fragile."

Le CD&V a notamment posé des conditions, exigeant qu'Elio Di Rupo revienne sur certains projets de mesures qu'il juge trop favorables aux francophones. Ces derniers, par exemple, doivent renoncer à leur droit de vote dans la banlieue de Bruxelles située en territoire flamand.

Il faudra ensuite s'atteler à la réforme des institutions belges. Là aussi, il faudra tenir compte des revendications flamandes : le CD&V réclame une autonomie renforcée des régions en matière fiscale, d'emploi et de santé.

Toutefois, Laurette Onkelinx, interrogée vendredi matin sur Europe 1, préfère retenir le chemin parcouru durant les 400 derniers jours. "On voit enfin que l'horizon se dégage", explique-t-elle, "c'est un soulagement énorme". A ses yeux, le simple fait que ces entames de négociations aient eu lieu fait basculer la Belgique "dans un autre monde". Elle estime que la N-VA, par son extrémisme, s'est exclue elle-même de la marche du pays.