Belgique : la Flandre marque sa différence

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C.B avec AFP , modifié à
Les indépendantistes ont progressé et leur chef conquis Anvers, deuxième ville du pays.

Le résultat des élections municipales belges mettent fin à plus de 80 ans de règne socialiste à Anvers, la deuxième ville du pays. Les indépendantistes flamands sont en effet sortis grands gagnants de ces élections. La victoire de leur chef Bart De Wever à Anvers marque une poussée de son parti dans toute la Flandre. Un succès qui risque d'ébranler le fragile équilibre politique en Belgique.

Après le dépouillement de plus de deux tiers des bureaux à Anvers, dans le nord, la liste Nouvelle alliance flamande (N-VA) était créditée de 36,2% des voix, soit 22 sièges sur 55. Le N-VA précède donc largement la liste du maire sortant, le socialiste Patrick Janssens, qui ne gagnerait que 29,6% des voix et 18 sièges au conseil municipal.

"Prenez vos responsabilités"

"C'est un dimanche jaune et noir!", les couleurs de la Flandre et de son parti, s'est exclamé Bart De Wever, en parlant de jour "historique". Il a aussitôt lancé un appel au Premier ministre, le socialiste francophone Elio Di Rupo, pour qu'il négocie avec lui une réforme de l'Etat ouvrant la voie à une confédération.

Le leader du parti indépendantiste réclame en effet l'autonomie des Flamands face aux Wallons. "Les Flamands doivent pouvoir gérer la Flandre comme ils l'entendent. C'est pourquoi je fais un appel à Elio Di Rupo et aux politiciens francophones : prenez vos responsabilités et préparez avec nous la réforme confédérale", a lancé le leader populiste. De son côté, le socialiste vaincu a affirmé que l'initiative de former une coalition pour diriger la première ville de Flandre revenait à Bart De Wever.

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"Dramatique, mais prévisible"

Dans l'ensemble de la Flandre, la N-VA fait aussi une percée avec des scores entre 20 et 30%, selon des résultats partiels, et réussit donc à s'implanter localement. "C'est dramatique, mais c'était prévisible", a réagi le président des Fédéralistes démocrates francophone, Olivier Maingain.

"C'est pour Elio Di Rupo un échec personnel, qui prouve que le gouvernement actuel n'a pas réussi à calmer les appétits des nationalistes flamands", a-t-il ajouté.

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Position de force pour 2014

Depuis la fin, en décembre 2011, de la plus longue crise politique de l'histoire de la Belgique, une large coalition de six partis - trois flamands et trois francophones - de gauche, du centre et de droite, soutient au niveau fédéral le gouvernement conduit par le socialiste francophone Elio Di Rupo.

Le long blocage politique avait été largement le fait de la N-VA, qui, bien que devenue la première force politique de la Flandre avec plus de 28% des voix, avait préféré rester dans l'opposition face aux formations traditionnelles. Bart De Wever, qui s'est imposé de manière fulgurante après son apparition sur la scène politique il y a seulement sept ans, a su faire fructifier cette position en Flandre en jouant "l'outsider seul contre tous", selon le politologue Dave Sinardet.

L'objectif affiché de M. De Wever est d'aborder en position de force les législatives prévues en 2014, jugées d'ores et déjà décisives pour l'avenir du pays.