Bébés volés en Espagne : un appel au pape

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avec AFP

Une association de victimes de vols de nouveaux-nés commis en Espagne pendant la dictature franquiste (1939-1975) et dans les années 1980 a demandé au pape, dans une lettre rendue publique vendredi, d'intervenir pour l'ouverture des archives de l'Eglise. Au cours des dernières années, "on a découvert le drame immense constitué par les réseaux d'achat et de vente d'enfants qui ont fonctionné impunément à partir des années 1940", déclare la lettre adressée au pape François par l'avocat Enrique Vila Torres, président de l'une des associations créées après la révélation de ce scandale, SOS Bebes Robados (SOS Bébés Volés).

Selon les associations, jusqu'à 300.000 bébés pourraient avoir été volés pendant la dictature du général Francisco Franco et aussi après la fin en 1975 du franquisme, aucune loi espagnole n'ayant encadré les adoptions avant 1987. Sous le franquisme, ces bébés étaient enlevés à leurs mères républicaines en vertu d'un décret de 1940 qui permettait au régime de s'en emparer des nouveaux-nés s'il estimait que leur future "éducation morale" était en danger. Dans les premières années de la démocratie, le trafic d'enfants s'est poursuivi, dont la vente de bébés, parfois dans des cliniques gérées par des institutions catholiques.

Lorsque ces faits ont été révélés, les autorités espagnoles ont pris des mesures pour faciliter les recherches des familles. Mais un obstacle se présente "lorsque les archives contenant les identités de mères et d'enfants sont des archives ecclésiastiques", déclare la lettre de l'association, envoyée au pape il y a quelques jours. Certains responsables catholiques "refusent encore au jour d'aujourd'hui de permettre l'application de la loi et de communiquer, même lorsque des décisions de justice le leur ordonnent, les identités des femmes qui ont accouché dans leurs institutions", écrit l'avocat Vila Torres.