Australie : Abbott, le "moine fou" devenu Premier ministre

© Reuters
  • Copié
Charles Carrasco , modifié à
PORTRAIT - Ce dirigeant conservateur anti-mariage gay a remporté les élections générales.

L’INFO. Autrefois surnommé "le moine fou", le dirigeant du parti conservateur australien Tony Abbott s'est appliqué depuis de longs mois à polir son image et à tenir sa langue. Et la stratégie s'est avérée payante puisque après dépouillement de 80% des bulletins de vote des élections générales de samedi, la commission électorale australienne donne 81 sièges à la coalition emmenée par Tony Abbott contre 54 aux travaillistes. Douze des 150 sièges de la chambre basse ne sont pas encore attribués. Le parti travailliste (Labor) du sortant Kevin Rudd doit donc laisser la place, après 6 ans au pouvoir.

Gillard et sa tirade anti-sexiste. Cet ancien séminariste catholique, monarchiste -l’Australie a Elizabeth d'Angleterre comme chef d'Etat- et opposant au mariage gay, est réputé pour son… franc-parler. En août dernier, il s’était fait remarquer en venant soutenir une candidate, vantant ses qualités et son "sex appeal".

 En octobre 2012, il a dû s'excuser pour des commentaires laissant entendre que la Première ministre, Julia Gillard, célibataire sans enfant, n'était pas compétente en matière de politique familiale. Cette dernière l'avait alors accusé de sexisme et de misogynie dans une tirade de 15 minutes mêlant ironie et colère froide. Une intervention qui a fait un tabac sur internet.

Julia Gillard dit avoir été très offensée quand "il est resté à côté d'une pancarte [la] décrivant comme la chienne d'un homme", et quand il a dit que "l'avortement est la solution de facilité".

Un opposant au mariage gay. Mais le dirigeant du parti libéral (le parti conservateur) s'est efforcé d'adoucir son image. Il pose régulièrement avec sa femme et ses trois filles âgées d'une vingtaine d'années et évoque ses liens avec sa sœur homosexuelle. Tout en soulignant qu'il est fermement opposé au mariage entre personnes du même sexe. A propos de ses gaffes, qui lui ont souvent attiré les railleries de ses opposants, il déclarait en début d'année : "j'ai certainement dit des choses que je ne dirais plus à présent". "J'ai changé, j'aime à penser que j'ai mûri", ajoutait-il lors de l'émission 60 Minutes.

Tony Abbott 930

© Reuters

Il a fait le séminaire. Anthony John Abbott est né à Londres de parents australiens le 4 novembre 1957, avant de grandir en Australie. Etudiant à l'université de Sydney, il a ensuite remporté une bourse pour Oxford.  Il a envisagé un temps la prêtrise et est entré au séminaire. Il a finalement opté pour le journalisme, puis une carrière politique. Elu au parlement en 1994, il était ministre de la Santé dans le gouvernement de John Howard. Amateur de boxe, il appartient à un groupe de pompiers volontaires pendant la saison des feux de brousse et à une équipe de sauveteurs sur les plages proches de sa maison dans le nord de Sydney. Il  n'hésite pas à poser pour les photographes vêtu de son short de cycliste moulant en lycra noir.

Climato-sceptique et grossier. Ses façons d’Australien macho et sans complexe lui ont parfois causé du tort. Il avait qualifié de "connerie absolue" l'argument de la communauté scientifique qui attribue à l'action de l'homme le réchauffement climatique. Et accusé Julia Gillard d'avoir "un sourire mange-merde", avant de s'excuser platement devant le tollé provoqué.

Et son programme dans tout ça ? Son programme, qui se veut pro-entreprises, prévoit l'annulation de la taxe carbone payée par les grands groupes polluants et votée sous les travaillistes, la mise en place d'une politique très restrictive pour les immigrants illégaux qui arrivent en bateau sur les plages australiennes, et six mois de congés payés pour les jeunes mères.