A Paris, les Ivoiriens privés de vote

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avec Walid Berrissoul , modifié à
Les soupçons de fraude à l’élection présidentielle sont dans tous les esprits. Reportage.

Alors qu’en Côte d’Ivoire, les camps des deux candidats au second tour de l’élection présidentielle s’accusent mutuellement de fraudes, la situation n’est pas plus sereine pour les Ivoiriens installés en France. En Ile-de-France, les 11.000 ressortissants ont ainsi été privés de vote. Certains bureaux de vote étant restés fermés, le scrutin a été annulé dans la région. Ce qui n’empêche pas la fraude d’occuper tous les esprits.

"Quelqu’un a voté à ma place"

Ainsi, dans ce restaurant parisien, l’élection présidentielle est sur toutes les lèvres. Le téléviseur est branché sur la chaîne nationale. Personne n’a pu voter, mais beaucoup ont remarqué des choses étranges dans les bureaux de vote, comme des urnes déjà remplies.

Insa Touré, un septuagénaire, a eu de son côté la désagréable surprise de voir sa signature sur une feuille d’émargement. Alors qu’il ne s’est pas déplacé pour voter. "C’est ma signature", peste-t-il en brandissant le document, qu'Europe 1 s'est procuré. "Je n’ai pas voté ce matin, et je découvre que quelqu’un a voté à ma place. Ce n’est pas la démocratie."

"Moi, j’aurais voté pour Gbagbo"

Dans cet établissement, tout le monde soutient Alassane Ouattara contre le président sortant Laurent Gbagbo. Alors pour ces Ivoiriens, ces irrégularités ne doivent rien au hasard. "Nous sommes en présence d’un coup d’état électoral", assure l’un d’eux. "L’ambassadeur est pour Gbagbo, c’est clair et net, pour protéger ses intérêts. On le sait, on n’est pas des enfants."

Dans un autre restaurant ivoirien, situé à quelques rues seulement du premier, la clientèle est pour Laurent Gbagbo. "S’il y a fraude du candidat Gbagbo, c’est qu’il y a fraude du candidat Ouattara", lance le patron, qui assume : "Moi, j’aurais voté pour Gbagbo". Sur la télévision du restaurant, la soirée électorale s’éternise. Soudain, quelqu’un change de chaîne pour… un match de football. "Ça au moins, cela nous rapproche", souffle-t-il.