A Alep, le danger vient du ciel

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Didier François, envoyé spécial d'Europe 1 en Syrie, avec , modifié à
REPORTAGE - L’aviation du régime bombarde Alep et ses alentours, frappant aussi les civils.

Un grondement constant et menaçant. A Alep et dans ses environs, la mort frappe souvent depuis le ciel, où patrouillent chaque jour les chasseurs bombardiers du régime de Bachar al-Assad. Leurs frappes sont loin d’être chirurgicales, comme a pû le constater l’envoyé spécial d’Europe 1, Didier François.

Alep sous les bombes tous les jours

Les avions du régime patrouillent tous les jours, à la recherche de centres de commandements ou de convois de combattants, mais pas seulement : leurs bombes frappent aussi les quartiers et les villages suspectés de soutenir l’opposition.

Lundi, les bombardiers ont délibérément visé quatre fermes situées à la bordure de la ville d’Alep. Pourtant, sur place, il n’y a aucun objectif militaire qui ait pu justifier une telle frappe. Au milieu des décombres, un adolescent git, les membres démantelés.

"A 7h, il était allé acheter du pain et l’avion est venu et a bombardé", témoigne le père de la victime. Sa femme, sa sœur et trois autres garçons s’étaient réfugiés dans la salle de bain, une pièce totalement détruite par le bombardement. Les femmes ramassent les débris tandis que les hommes reçoivent les condoléances des voisins.

"Beaucoup de familles sont partis"

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 "Les avions viennent pour faire peur parce que les gens sont tous, à peu près, contre le régime de Bachar al-Assad", regrette l’interprète de notre envoyé spécial, avant de dénoncer une stratégie de la peur. Et ce dernier, professeur de français dans le civil, d’ajouter : "maintenant, il y a beaucoup de familles qui sont parties".

Sur la route, les tracteurs passent en effet, chargés de meubles et de matelas, et fuient vers la frontière avec la Turquie voisine. Fuyant les zones de combats, ces derniers ne sont pourtant pas à l’abri d’une erreur d’un missile.

Jeudi 23 août, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a pourtant bien évoqué la possible instauration d'une zone d'exclusion aérienne sur une partie du territoire syrien, jugeant que cette hypothèse, avancée récemment par les Etats-Unis, méritait "d'être étudiée". A Alep, la population appelle de ses vœux une telle interdiction.