Une Allemande acquittée du meurtre de son fils 41 ans après

Une Allemande de 74 ans a été acquittée jeudi du meurtre de son fils de huit ans (Image d'illustration).
Une Allemande de 74 ans a été acquittée jeudi du meurtre de son fils de huit ans (Image d'illustration). © Hendrik Schmidt / dpa / AFP
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avec AFP , modifié à
Quarante-et-un ans après les faits, la justice a décidé que des "documents manquaient" pour établir que cette femme est bien responsable de la mort de son fils.

Une Allemande de 74 ans a été acquittée jeudi du meurtre de son fils de huit ans mort asphyxié il y a 41 ans en ex-Allemagne de l'Est, un dossier qui avait été rouvert sur la base d'un renseignement anonyme.

Un crime trop ancien. Le tribunal de Neuruppin, à l'est du pays, a estimé que, plus de 40 ans après les faits, les "témoins n'ont pas toujours été capables de se souvenir. En outre, d'anciens documents d'enquête manquaient", a indiqué à l'AFP la porte-parole de la juridiction, Iris Le Claire. L'acquittement est susceptible d'appel. Le tribunal a aussi considéré que, bien que tout ait été mis en oeuvre, il n'est plus possible de faire la lumière sur cette affaire et que la mort de l'enfant peut aussi bien s'expliquer par des événements autres que l'intervention criminelle de la mère, a indiqué Iris Le Claire.

Le rappel des faits. Erna F., qui était jugée depuis le 27 avril, a toujours assuré que son fils Mario, retrouvé mort dans son lit au matin du 5 novembre 1974, avait "accidentellement" succombé à une intoxication au monoxyde de carbone. Classée après une brève enquête, l'affaire avait resurgi en 2009 avec une dénonciation anonyme parvenue au parquet de Hanovre, dans l'ouest du pays, dans la région où l'ancienne secrétaire est-allemande est installée depuis 1987 avec sa fille. "Autrefois, la mère a gazé son fils", affirmait ce renseignement, qui citait les noms de la suspecte et de son fils. Les enquêteurs de l'ex-Allemagne communiste avaient alors retrouvé le rapport d'autopsie puis accusé Erna F. d'avoir porté son fils endormi devant la cuisinière, ouvert le gaz, avant de le recoucher inanimé et d'invoquer un poêle défectueux.

Un geste "sournois". Selon le quotidien BZ, le parquet attribuait le crime au fait que la mère "se sentait débordée par l'éducation de son fils". Séparée de son ex-conjoint, un ancien mécanicien prénommé Adolf, elle avait de surcroît des problèmes financiers et tentait de refaire sa vie. Sur le plan juridique, le caractère "sournois" du geste présumé de la mère sur son enfant endormi était crucial car il aurait suffi à changer le qualificatif d'homicide en "meurtre aggravé", un crime imprescriptible et puni de la réclusion à perpétuité. Même avec cette qualification, le procès n'aurait pas eu lieu si l'Allemagne n'avait pas été réunifiée. Le "meurtre aggravé" était prescrit au bout de 25 ans en ex-RDA, et le droit ouest-allemand a absorbé en 1990 les textes de l'Est.