Des voitures "intelligentes mais pas accessibles"

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Jérémy Maccaud , modifié à
INTERVIEW - Pierre Chasseray, de 40 Millions d’automobilistes, estime que les mesures incitatives pour passer aux technologies électriques et hybrides ne profitent qu'à une "certaine élite".
0603 Pierre Chasseray 40 Millions d'automobilistes voiture association

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Autoproclamée "premier représentant national des automobilistes auprès des pouvoirs publics et du secteur économique de la route", l'association 40 Millions d'automobilistes est une habituée des coups de gueule. Parmi ses combats récents, elle s'oppose farouchement à l'abaissement de la vitesse sur les routes de 90 à 80 km/h. Et sur les voitures électriques et hybrides ? Pierre Chasseray, son délégué général, a là aussi un avis très tranché. Et qui tranche.

Quel regard porte "40 Millions d’automobilistes" sur l’émergence des voitures hybrides et électriques ? Nous devons encourager la recherche, bien sûr. Mais il y a de quoi être réservé car nous ne connaissons pas l’énergie de demain. En France, on mise tout sur l’électrique mais, de l’autre côté du globe, c’est plutôt sur l’hydrogène. De plus, quand on nous présente le tout-électrique comme des véhicules verts, on oublie de préciser que l’électricité vient en grande partie du nucléaire. A l’heure qu’il est, la seule qui ne pollue pas, c’est la voiture à pédales ! Les hybrides et les électriques sont des alternatives intelligentes mais pas accessibles à tout le monde. Il ne faut pas taper sur ceux qui ne peuvent pas. 

Vous avez le sentiment que les pouvoirs publics sont trop pro-électriques ? L’automobiliste, même vertueux, est stigmatisé comme un pollueur alors qu’il n’a pas les moyens ! Tout est fait pour inciter les gens à passer à l’électrique ou à l’hybride : le stationnement à Paris est gratuit (seulement pour les 100% électriques, Ndlr), on octroie des bonus écologiques délirants, et on taxe tous les autres avec des malus. En réalité, on achète un véhicule en fonction de son budget. Sans être péjoratif, ceux qui investissent dans ce genre de véhicule appartiennent à une certaine élite, qui peut se permettre d’avoir deux ou trois véhicules. En l’état, une électrique ne peut pas remplacer une voiture familiale, à cause de son autonomie. Qu’on ne s’étonne pas de voir notre industrie automobile en berne avec des mesures incitatives qui ne répondent pas aux besoins du plus grand nombre. 

Des systèmes de partage comme l’Autolib’ parisienne peuvent-ils être une solution ? Autolib’, c’est une option intéressante. Il faut souligner que ceux qui les empruntent sont en grande partie des gens qui n’avaient pas de voiture avant. C’est un nouveau moyen de mobilité qui est offert. Certains râleront parce que ça prend des places de stationnement, mais c’est une bonne alternative.

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