"Pourquoi je résiste encore" à Facebook

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TÉMOIGNAGE - Jean-Nicolas raconte pourquoi il fait partie de ceux qui boycottent le réseau social qui fête ses dix ans.

10 ans après sa naissance, le nombre d'utilisateurs de Facebook croît encore. Ils sont désormais 1,12 milliard à publier, commenter et liker sur leur ordinateur, leur smartphone ou leur tablette. Mais certains irréductibles refusent de rentrer dans la machine Facebook.

>> Jean-Nicolas, 31 ans, est marié et bientôt père pour la seconde fois. Ce conseiller en stratégie dans le secteur de l'énergie, n'a jamais succombé à Facebook. Il raconte son cheminement depuis plusieurs années.

2007. Facebook existe depuis trois ans déjà, mais c'est cette année-là que le réseau social explose en France. Comme tout le monde, Jean-Nicolas a commencé à entendre parler de ce site sur lequel les gens partagent leur quotidien.

"Au début je me suis dit que ce n'était qu'un effet de mode, que ça allait passer. J'ai voulu attendre, prendre du recul. Je voulais voir les effets du site sur les gens."

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Aujourd'hui, quand on interroge Jean-Nicolas sur son absence de Facebook, on perçoit qu'il s'est lui-même posé la question à maintes reprises.

"Mon choix est dicté par trois raisons majeures :

> J'ai envie de cultiver mon jardin secret. Ce n'est pas qu'une question de vie privée et je n'ai pas non plus d'énormes révélations à cacher. Mais j'ai la conviction qu'en disant tout, tout le temps, on perd une part de secret, de surprise quand on voit les gens 'en vrai'. 

> Je n'ai pas envie de ne pas pouvoir contrôler ma diffusion, ce que je publie sur Facebook. J'ai cette impression que mes données peuvent être manipulées par quelqu'un d'autre. Et aujourd'hui, je n'ai pas la garantie, de manière transparente, que mes informations ne sont visibles et utilisées que par moi.

> Et puis Facebook est un peu devenu une surenchère permanente. Les gens affichent leurs 'nouvelles', leur vie. Ça devient une bataille constante, les gens essayent de rivaliser à travers les photos qu'ils peuvent afficher. 'Moi j'ai ça', 'Moi, c'est mieux, regardez'. 'Et moi je suis allé dans tel pays exotique'. Un sentiment qu'il faut montrer qu'on fait toujours mieux que son ami Facebook."

On demande à Jean-Nicolas s'il lui arrive de douter de son choix :

"Il y a aussi des avantages, des bons côtés à y être, c'est sûr. Je vois bien qu'il y a des gens qui se retrouvent sur Facebook, des potes d'enfance par exemple. Alors oui, dans ces cas-là tu te remets en question."

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Sans aller jusqu'à parler de souffrance, cet ancien ingénieur de la marine-marchande admet avoir parfois ressenti de la frustration.

"Plusieurs fois je me suis senti en marge de ce qui est devenu un phénomène de société. Une fois je me suis dit que je passais probablement à côté de certaines réunions d'anciens élèves. C'est ce genre de raison qui m'a parfois fait regretter mon choix."

Et professionnellement, est-ce handicapant pour notre anti-Facebook ?

"Ça je n'y crois pas. Alors oui, peut-être que j'ai loupé un ou deux salons professionnels, des forums de spécialistes de ma profession. Mais si on veut trouver mes coordonnées, ce n'est pas mission impossible non plus. On trouve toujours des solutions à l'absence de Facebook".

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On lui demande alors ce qui l'a empêché de craquer. L'orgueil ? La peur peut-être ?

"Un peu oui. Il y a un peu cette peur que Facebook se retourne un jour contre toi. J'ai la sensation qu'avec Facebook il n'y a plus de frontière entre la vie perso et la vie pro. Finalement on s'aperçoit que les 'risques' de manquer quelque chose sont limités. On relativise. Par exemple pour mes potes de lycée, si vraiment ils cherchent à me joindre, ils trouveront le moyen."

On se souvient que Jean-Nicolas est marié. Sa femme est-elle sur la même longueur d'onde que lui ?

"Non non, ma femme est sur Facebook. Et se connecte régulièrement."

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Et parfois, même lui finit par succomber au pouvoir d'attraction de Facebook.

"Bien sûr qu'il m'arriver de regarder ce qu'il s'y passe avec ma femme quand elle est connectée. Bien sûr que ça m'amuse. Parce que je suis curieux."

Et si sa femme n'avait pas de profil, Jean-Nicolas succomberait-il à l'envie d'en créer un ? La réponse est lapidaire : "Non". Point. Pas l'once d'un doute dans sa voix.

Pourtant il est possible, sur le réseau social au milliard d'utilisateurs, de se fabriquer un compte restreint. De ne poster que ce que l'on souhaite, de contrôler ses publications. Jean-Nicolas le sait bien mais il a choisi, lui, de camper sur sa position.

"Je me suis dit que j'avais pris cette décision et j'arrive à vivre sans Facebook. Je n'ai pas envie de revenir dessus. Je pense que les personnes 'connectées' sont assez ouvertes d'esprit pour comprendre que certains internautes ne souhaitent pas être sur Facebook."

Facebook ne représente pas une force obscure pour Jean-Nicolas, comme certains peuvent le décrire parfois. Le trentenaire ne milite pas non plus pour la disparition du site de Mark Zuckerberg. Mais il vit simplement très bien sans.

Et vous, utilisateurs réguliers de Facebook : pourriez-vous réellement vivre sans ? Répondez-nous dans les commentaires.

 

 

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