4G : l'UFC attaque Orange et SFR

SFR et Orange sont pointés du doigts par l'association de consommateurs, au contraire de Bouygues Telecom qui fait figure de bon élève sur la 4G.
SFR et Orange sont pointés du doigts par l'association de consommateurs, au contraire de Bouygues Telecom qui fait figure de bon élève sur la 4G. © REUTERS
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PLAINTE - L'association de consommateurs reproche aux opérateurs leurs "pratiques commerciales trompeuses".

Un décalage entre la pub et la réalité. Alors que les publicités autour de la 4G fleurissent partout, l'UFC-Que Choisir a décidé de taper du poing sur la table. L'association de consommateurs reproche à Orange et SFR un décalage entre la promesse d'un très haut débit mobile et... les débits réellement mesurés. Une plainte a été déposée mardi à l'encontre des deux opérateurs et l'UFC a demandé à l'Autorité de régulation des télécommunications (ARCEP) la création d'un observatoire de la 4G afin de surveiller son déploiement dans toute la France.

Ce que promettent les opérateurs mobiles. Au 1er octobre, SFR et Orange affirmaient couvrir respectivement  275 et 500 communes en 4G. De son côté, Bouygues a déployé ses antennes 4G en se servant d'un réseau déjà établi, couvrant ainsi 2.000 communes soit 63% de la population. Quant à Paris, les opérateurs en ont fait une vitrine afin de promouvoir leur technologie d'Internet mobile très haut débit. SFR était le premier à annoncer la couverture partielle de la capitale début août. Orange prenait le pas le 9 septembre avec une ouverture de toute la ville à la 4G. Enfin, Bouygues Telecom annonçait le 1er octobre couvrir également l'intégralité des 20 arrondissements de la ville de Paris.

Ce que l'UFC Que choisir reproche à Orange et SFR. Au cours des plus de 60.000 tests couvrant 80% des rues parisiennes, l'UFC-Que Choisir a constaté un réseau d'Orange présent sur seulement 79,3% de la capitale. D'après l'association, "toute une partie du sud-ouest" de la capitale aurait été "oublié" par l'opérateur historique. Quand à SFR, il lui est reproché de ne couvrir que 75% du territoire, "laissant de nombreuses poches de vide". L'UFC-Que Choisir craint notamment pour l'accès de la 4G dans des "territoires français moins visibles". Autre argument de vente pointé du doigt par l'association de consommateurs : le débit annoncés par les professionnels, entre 115 et 150 Mbits/seconde, se seront "jamais obtenues pour de nombreux clients" en raison d'un réseau non compatible. "Seules les antennes 2.600 Mhz peuvent atteindre de tels débits", constate l'UFC. Mais ces antennes ne sont présentes "que dans les grandes villes". Pour les autres, le débit sera compris "entre le tiers et la moitié des débits promis", regrette l'association, qui n'hésite pas à parler de "fracture numérique".

Pour Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir interrogé par Europe 1, "tout le monde communique en disant que la couverture 4G est à 100% sur Paris, notamment. La réalité démontre qu'on est loin du compte". L'association a enregistré "un certain nombre de plaintes de consommateurs" à ce sujet. "Certains affirment ne pas avoir d'accès du tout à la 4G. La couverture annoncée est mitée", lance Alain Bazot.

>> Mis à jour mercredi 6 novembre : SFR et Orange ont répondu aux attaques de l'UFC-Que Choisir et l'Arcep a annoncé avoir déjà lancé ses propres mesures de débit et de couverture de la 4G en France.

SFR nie, Orange s'étonne. Les opérateurs ont réagi dès mardi à la plainte déposée par l'UFC-Que Choisir. SFR a contesté les mesures de l'association, arguant que "la couverture intégrale serait réalisée d'ici la fin de l'année", a expliqué un porte-parole de l'opérateur interrogé par LePoint. De son côté, Orange joue la carte de l'étonnement, se déclarant "surpris par la communication de l'UFC ainsi que par le recours judiciaire, car cela ne correspond ni à la démarche de transparence ni à la politique de dialogue menée actuellement". L'opérateur historique a également annoncé son désir d'"analyser en détail l'étude avant de la commenter".

Ce que l'UFC demande à l'Arcep. Outre sa plainte déposée mardi, l'UFC-Que Choisir a saisi l'autorité des télécommunications afin de lancer la création d'un Observatoire de la 4G. L'objectif : "suivre en temps réel le déploiement du réseau […] et garantir la validité des allégations des opérateurs, aussi bien sur les couvertures que sur les débits". L'association souhaite également distinguer, sur les cartes 4G sur lesquels communiquent les opérateurs, les "zones selon les débits maximums théoriques" auquel les utilisateurs ont accès.

L'Arcep va enquêter. L'autorité a répondu à la requête de l'UFC-Que Choisir et s'est engagée à "une réflexion sur la qualité et la couverture des services mobiles". L'Arcep travaillerait à "un protocole de vérification des cartes de couverture 4G et mènera ses premiers tests sur le terrain (…) au premier semestre 2014", a précisé un porte-parole.