Villiers-le-Bel : un policier poursuivi

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avec Pierre de Cossette , modifié à
Il est mis en examen pour “faux témoignage” après le drame qui a coûté la vie à deux ados en 2007.

Un des quatre policiers impliqués dans l'accident qui a tué deux adolescents en 2007 à Villiers-le-Bel, dans le Val-d'Oise, a été mis en examen pour "faux témoignage", jeudi à Pontoise.

Le 25 novembre 2007, deux adolescents, Lakhamy et Moushin, avaient perdu la vie dans la collision accidentelle entre leur moto et une voiture de police, déclenchant deux soirées d'émeutes au cours desquelles des forces de l'ordre avaient été visées par des tirs d'armes à feu.

Les policiers n'ont pas "dit la vérité"

En juin 2010, les familles de victimes avaient déposé plainte, estimant que les policiers n'avaient pas "dit la vérité" concernant les circonstances de l'accident. "Lorsqu’on signale qu’un véhicule roule à 40-45km/h, au moment du franchissement d’un carrefour, que l’expertise judiciaire fait apparaître une phase d’accélération aussi considérable", le doute est permis, a indiqué Me Jean-Pierre Mignard, l'un de leurs avocats. "S’il s’agit d’un fonctionnaire seulement [qui fait un tel récit], mais quatre c’est beaucoup. Les déclarations étaient toutes conformes, les unes aux autres quelquefois au mot près", a-t-il ajouté au micro d'Europe 1.

Allant même plus loin dans ses accusations : "Je voudrais bien savoir qui a inspiré ces déclarations. Parce que pendant toute la même période le directeur général de la police nationale a communiqué en confortant absolument la version de ses quatre fonctionnaires, en étant d’ailleurs beaucoup plus loquace que les quatre fonctionnaires. Je ne veux pas toujours accabler les quatre fonctionnaires, parce qu’ils ont une hiérarchie, ils ont un commandement", a lancé Me Mignard.

"Fatigué de cette procédure"

Saisie, une juge d'instruction de Pontoise avait ouvert une enquête qui a donc abouti jeudi à la mise en examen du policier pour "faux témoignage". Une expertise avait révélé que la voiture de police était en pleine accélération, à 64 km/h, dans une petite rue de Villiers-le-Bel. 

"Il dit qu'il n'avait pas le nez sur le compteur. Quand on demande à un conducteur ou à un des passagers à quelle vitesse il roulait, en règle générale, le résultat est erroné. Et là, ça ne fait pas exception à la règle. Ils ont eu le sentiment de rouler à une vitesse normale de patrouille. Un expert leur a dit 'non, vous roulez à une vitesse plus élevée', mais ça ne veut pas dire qu'ils ont menti. Ça veut dire qu'ils se sont trompés, ce qui n'est absolument pas la même chose", a répliqué au micro d'Europe 1, Me Frédéric Champagne, l'avocat du fonctionnaire.

Un procès au mois de juin

"Ça fait plus de quatre ans qu'il vit avec le souvenir de cette journée-là. Ça fait quatre ans qu'il se souvient que deux garçons ont trouvé la mort ce jour-là. C'est difficile pour lui également", a-t-il ajouté.

Au terme d'une longue et sinueuse instruction, le policier au volant de la voiture sera jugé pour "homicide involontaire" le 29 juin devant le tribunal correctionnel de Pontoise. Les trois autres fonctionnaires ne sont pas poursuivis.