Un médecin suspecté d'avoir délivré des certificats médicaux à des migrants contre de l'argent

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avec AFP , modifié à
Le médecin aurait délivré des certificats médicaux contre de l'argent à des migrants, en vu d'obtenir leur titre de séjour pour raisons de santé. 

Un médecin de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, suspecté d'avoir délivré contre de l'argent des certificats médicaux à des migrants en vue d'un titre de séjour, a été suspendu de ses fonctions, a annoncé mardi la direction de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). "A la suite d'un signalement effectué par un bénévole d'une association d'aide aux migrants, un patient étranger en situation irrégulière bénéficiaire de l'AME (Aide médicale de l'Etat, NDLR) a rapporté avoir versé à plusieurs reprises des sommes d'argent en espèce" à un médecin de l'hôpital de la Pitié Salpêtrière afin d'obtenir un certificat médical, relate dans un communiqué la direction de l'AP-HP.

Un document nécessaire pour l'obtention d'un titre de séjour. Un document qui permet "d'initier la procédure de demande de titre de séjour pour raisons de santé", précise la même source. Selon l'institution, qui a "signalé" les faits à la justice, le patient a expliqué "avoir été mis en contact avec ce médecin par un intermédiaire et que de nombreuses autres personnes bénéficiaient de ce système". "L'enquête interne menée par l'AP-HP (...) laisse supposer que d'autres patients dans des situations comparables auraient également été amenés à effectuer de tels versements", ajoute la direction des hôpitaux parisiens, sans préciser le nombre de personnes concernées.

Le médecin en sursis. Praticien hospitalier à temps plein, le médecin a été relevé le 10 mai de ses fonctions à titre conservatoire. Une procédure disciplinaire "sera engagée" alors que les faits ont également été signalés au Conseil de l'ordre compétent, indiquent le directeur général de l'AP-HP Martin Hirsch et le directeur des hôpitaux universitaires de la Pitié Salpêtrière-Charles Foix, Serge Morel. Ce type de décision "reste très rare", souligne la direction. "L'ensemble de ces faits, s'ils étaient confirmés, constituent des fautes lourdes que l'AP-HP ne peut tolérer en son sein. Ils mettent notamment en cause la probité requise d'un médecin au plan de sa déontologie professionnelle", conclut-elle.

Des antécédents judiciaires. Le parquet de Paris pourrait décider d'ouvrir une enquête sur ce praticien qui a d'ailleurs déjà, quelques antécédents judiciaires. Il a, en effet, déjà été arrêté par le FBI aux Etats Unis en 2010, alors qu'il se trouvait à Boston pour un congrès médical. Il aurait informé des financiers des mauvais résultats d'essais cliniques d'un médicament avant leur publication. Des informations confidentielles qui aurait permis à un fond d’investissement de revendre à temps les actions du laboratoire qui développait ce traitement, et d'éviter ainsi une perte de 30 millions de dollars.