Suspectée de maltraitances répétées, une nourrice est jugée pour la mort d'un bébé

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avec AFP , modifié à
La nourrice de Charlotte l'a projetée au sol dans son transat car elle pleurait. Le bébé de 7 mois était mort peu après.

Excédée par les pleurs, elle soulève le transat et le projette au sol, à plusieurs reprises : Charlotte, sept mois, décède quelques heures plus tard. Une nourrice est jugée à partir de vendredi à Créteil. Elle est , également soupçonnée de nombreux autres cas de maltraitance. L'accusée, 55 ans, n'avait la garde de l'enfant que depuis un mois quand, en octobre 2008, elle appelle les secours : Charlotte est, selon elle, "toute molle". Après quatre heures de soins intensifs, le décès du bébé est prononcé. Verdict du scanner : fracture frontale du crâne et lésions neurologiques.

Elle projette au sol le transat avec le bébé dedans. Les soupçons ne se portent pas immédiatement sur l'assistante maternelle. D'après l'instruction, cette femme, agréée depuis 17 ans, réfute tout geste inapproprié, évoquant un simple "malaise", et jouit de la "confiance" des parents, domiciliés à Saint-Maur-des-Fossés, dans le Val-de-Marne. Ce n'est qu'un an et demi plus tard, en mai 2010, que deux experts-médecins, après plusieurs examens et rapports, affirment avec certitude que la mort de Charlotte résulte du "syndrome du bébé secoué". En garde à vue, la nourrice nie puis finit par avouer. Elle a soulevé d'un demi-mètre le transat dans lequel reposait l'enfant avant le projeter au sol. Un geste répété, "au maximum trois ou quatre fois", accompagné de cris : "tu vas te taire, tais-toi, je vais m'occuper de toi !".

Des précédents cas de maltraitance. Confrontée à une expertise faisant un état d'autres hématomes plus anciens, l'accusée reconnaît un autre épisode d'énervement, quinze jours plus tôt, parce que Charlotte pleurait et mangeait trop lentement. Si la nourrice savait "assurer les apparences", selon Me Pascale Taelman, avocate des parents, l'enquête va révéler de précédents cas de mauvais traitements sur plusieurs jeunes enfants, certains faits remontant à la fin des années 1990. Quatre autres informations judiciaires pour violences volontaires sur mineurs sont depuis en cours d'instruction, dans des procédures disjointes. "La plupart des parents n'avaient pas imaginé que leurs enfants avaient été maltraités. Les conséquences n'avaient pas été aussi dramatiques, ils avaient pensé à un accident ou un problème" de santé, explique Me Taelman. Plusieurs d'entre eux ont été invités à témoigner au cours des trois jours d'audience. Le verdict est attendu mardi.