Soupçons de viol au "36" : les psychiatres circonspects

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Pierre de Cossette et T.M.
L'an dernier, une touriste canadienne accusait trois policiers de la BRI de l'avoir violée, dans leurs locaux. Europe 1 révèle le contenu d'une expertise psychiatrique menée sur la victime. Les experts sont très circonspects.
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Un an et demi après les faits, les versions continuent de diverger. Les confrontations entre la touriste canadienne et les policiers de la BRI qu'elle accuse de l'avoir violée ont eu lieu fin septembre dernier. Des échanges douteux par SMS, des vidéos effacées et de l'ADN sur les sous-vêtements de la jeune canadienne avaient mis à mal la crédibilité des policiers. Mais c'est bien l'expertise psychiatrique menée sur la victime et révélée par Europe 1, qui pourrait être déterminante. En effet, les deux experts désignés considèrent qu’on ne peut pas se fier à ce que dit la jeune femme.

"Aucun trouble mental majeur"... Dans cette synthèse de trois pages, les psychiatres dressent le portrait de la plaignante avec d'abord cette précision : "aucun trouble mental majeur", "niveau intellectuel supérieur à la moyenne".

...mais "une tendance à la dramatisation". Mais dans un terme anglais qui n'a rien d'anodin, ils la jugent "overfriendly". S'il n'a pas d'équivalent en français, cet adjectif reflète un caractère un peu aguicheur, tout du moins qui peut laisser penser à une forme de séduction et d’ambiguïté. Le collège de psychiatres s'étonne aussi d'une évolution dans le discours de la plaignante, un an et demi après les faits. Aujourd'hui, elle estime "que les policiers auraient pu la tuer". Les experts relèvent ainsi chez la touriste canadienne "une tendance à la dramatisation".

"Une forte réserve". Voilà pourquoi, compte tenu, aussi, de l'état d'ébriété de la jeune femme ce soir-là, les psychiatres émettent "une forte réserve" sur son témoignage. Ils recommandent à la juge d'instruction de s'appuyer sur des éléments plus objectifs de l'enquête pour dessiner un scénario plus "plausible" de cette soirée, terminée avec des policiers de la brigade antigang dans leurs bureaux du 36, Quai des Orfèvres.