Sept ans après, l'assassinat de Christian Maréchal reste une énigme

Le policier de 56 ans avait été retrouvé lardé de 18 coups de couteau dans son pavillon, le 21 mars 2007.
Le policier de 56 ans avait été retrouvé lardé de 18 coups de couteau dans son pavillon, le 21 mars 2007. © MAXPPP
  • Copié
avec AFP
MYSTÈRE - Christian Maréchal, patron de la police municipale de Chambourcy (Yvelines), avait été sauvagement assassiné en mars 2007. 

Mystère. Sept ans après l'assassinat de Christian Maréchal, patron de la police municipale de Chambourcy (Yvelines) retrouvé lardé de 18 coups de couteau dans son pavillon, le mystère demeure. Sa veuve, Edith Maréchal n'a "toujours pas fait le deuil". Cette dernière  a quitté cette bourgade résidentielle de l'Ouest parisien pour une ville dont elle tait le nom. "Je ne suis pas rassurée, un assassin court toujours les rues et on ne peut savoir ce qu'il a en tête", confie cette réserviste de la police nationale. 

Aucune trace d'effraction.  "On ne comprend pas... Pourquoi Christian?" Ce soir du 21 mars 2007, elle lui demande par  texto de venir la chercher à la sortie d'une réunion UMP, à Saint-Germain-en-Laye. Vers 20H50, il répond "OK". Mais sans "les bisous" habituels, ce qui la surprend. Il ne viendra pas. C'est un collègue n'arrivant pas à le joindre qui découvre la scène d'horreur, vers 22H30. Selon l'enquête, l'agression a eu lieu entre 20H45 et 21H55. Aucune trace d'effraction n'a été relevée.

Une vengeance ? Le SMS a peut-être été envoyé "en présence de l'assassin" ou "rédigé sous la contrainte", avance la veuve, qui n'exclut aucune hypothèse. Elle pense aussi que son mari de 59 ans, méfiant, devait connaître son ou ses agresseurs car "il n'aurait jamais ouvert la porte à des inconnus"." L'acharnement dont ont fait preuve le ou les auteurs laisse penser à un crime de haine ou de vengeance", estime de son côté  l'avocat de Mme Maréchal, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi.

Affaire sensible. Un policier bientôt à la retraite et ami du maire, sauvagement tué dans une petite ville tranquille de 6.000 habitants : l'affaire est sensible pour la brigade criminelle de la police judiciaire de Versailles, qui déploie de gros moyens d'enquête. Mais les policiers jouent de malchance : pas de mobile, aucun témoin, une empreinte génétique retrouvée sur place mais qui ne correspond à personne de connu. 

Lettre farfelue signée Al-Qaïda. "C'est une affaire complexe, toutes les pistes sont possibles - professionnelle, personnelle, politique - mais aucune n'a eu un débouché "concret", résume une source proche de l'enquête. Meurtre crapuleux, crime passionnel, règlement de comptes? Aucun élément matériel n'est venu corroborer la moindre hypothèse .Et, comme pour brouiller les pistes, le ou les tueurs ont laissé une lettre farfelue signée Al-Qaïda, justifiant le meurtre par la présence française en Afghanistan...
                  
 "Aussi craint qu'adoré".  Plusieurs personnes ont été placées en garde à vue et des centaines de témoins entendus. "La majorité des personnes ont décrit Christian comme quelqu'un de très sympathique, à l'écoute, toujours prêt à rendre service", affirme Me Versini-Campinchi, précisant toutefois qu'au sein de la police, "il était aussi craint qu'adoré". Portrait tout autre: il était "peu sympathique et même plutôt désagréable", relève une source proche de l'enquête. Ça passait mal avec un certain nombre de collaborateurs, il y avait beaucoup de jalousie, mais de là à le tuer..."
Climat politique explosif. Aucun lien n'a pu être établi non plus entre l'assassinat et le climat explosif qui règne à l'époque dans la commune du député-maire UMP Pierre Morange, après la révélation d'une affaire de fausses factures impliquant l'adjoint à la sécurité Gérard Lebec, lui aussi ami de Maréchal, qui était au courant. Le maire avait dénoncé devant la justice les agissements de son adjoint et ami, fin 2006. Depuis, les relations entre les deux élus étaient délétères, ce qui semblait mettre le policier mal à l'aise. L'ex-adjoint a été condamné en 2011 à 2 ans de prison ferme pour escroquerie, faux et prise illégale d'intérêts, en même temps que 19 autres personnes. "Il y avait certes de la violence politique, mais jamais elle ne se serait exprimée physiquement", commente Me Thomas Maïer, avocat de M. Lebec, convaincu d'avoir été victime d'un complot. 
                  
Zones d'ombre. L'enquête pour assassinat au point mort, l'épouse ne veut pas qu'on "oublie Christian". Et s'interroge sur des zones d'ombre dans la vie privée de son mari, deux femmes non identifiées. Deux ans après le drame, Mme Maréchal avait par ailleurs appris par des amis que Christian leur avait confié avoir une liaison avec une femme."Si elles n'ont rien à voir avec ce crime, qu'elles se manifestent, cela permettrait de fermer des portes", clame la veuve.

L'une des plus grandes énigmes. Mais une source proche du dossier assure aujourd'hui sous couvert d'anonymat que "la clé" est ailleurs : trois hommes de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) auraient poignardé le policier pour régler leurs comptes dans une arnaque aux crédits à laquelle il aurait participé. Une piste inconnue de la police, jugée "peu crédible" selon une source proche de l'enquête. "Une rumeur malveillante sans aucun fondement" pour l'avocat de la famille. D'éventuels nouveaux témoignages, même anonymes, et l'identification de l'ADN restent les meilleurs espoirs de la PJ de Versailles pour faire rebondir cette enquête, l'une des grandes énigmes, avec la disparition inexpliquée de la petite Estelle Mouzin, en 2003.

sur-le-meme-sujet-sujet_scalewidth_460_scalewidth_460

ENQUÊTE - Chambourcy : y a-t-il un lien entre l'escroquerie et le meurtre ?

DISPARITION - Où en est l'affaire Estelle Mouzin ?