Alain Marsaud attend que "le gouvernement demande des comptes" à la Belgique

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C.P.-R. , modifié à
Le député LR Alain Marsaud, invité de Wendy Bouchard, a fustigé le rôle de la Belgique, estimant qu'elle laissait la situation s'embourber à Molenbeek. 
INTERVIEW

Alain Marsaud n'a pas mâché ses mots, samedi matin sur Europe 1. Invité de Wendy Bouchard, le député Les Républicains a critiqué la gestion des Belges dans leur lutte contre le terrorisme, après la capture de Salah Abdeslam, vendredi. Cela faisait quatre mois que le suspect clef des attentats de Paris était activement recherché. 

"Nos conseillers français ont mis de l'ordre" en Belgique. Alain Marsaud se rendra prochainement avec d'autres parlementaires dans le quartier bruxellois de Molenbeek, où a été arrêté Salah Abdeslam avec quatre autres personnes. Mais ce quartier, présenté comme un vivier de djihadistes, suscite la colère du député : "Je suis écœuré par l’incapacité des Belges au cours des derniers mois, des dernières années à régler ce problème [...] dont ils connaissaient la dangerosité", déclare-t-il, hésitant finalement à accomplir ce voyage.

Fustigeant la "naïveté des Belges", le député LR s'emporte : "Les 130 morts que nous avons eu à Paris, nous les devons aux Belges, à l'équipe de Molenbeek et à l'incapacité des Belges à ne pas avoir réglé ce problème". "C'est étonnant qu'un pays comme la Belgique ait pu avoir un tel échec, agir avec une telle naïveté. Heureusement, je crois que nos conseillers français ont mis un peu d'ordre dans le grand désordre qui régnait sur cette partie de la Belgique". Alain Marsaud attend donc que "le gouvernement français demande des comptes à la Belgique". 

Entendu sur europe1 :
Je suis écœuré par l’incapacité des Belges au cours des dernières années à régler ce problème

Le retour en France d'Abdeslam pas "certain". D'autre part, l'ex-magistrat antiterroriste a expliqué sur Europe 1 que Salah Abdeslam pourrait ne pas être remis si facilement aux autorités françaises. "Depuis quelques années, nous avons la possibilité d'obtenir directement du pays arrêtant la mise à disposition de l'intéressé sur notre propre territoire" avec la délivrance d'un mandat d'arrêt européen. Mais, "je crois savoir qu'il a la double nationalité : française, c'est sûr, mais il n'est pas exclu qu'il ait aussi la nationalité belge", ajoute Alain Marsaud au sujet du jeune homme né en 1989 à Bruxelles, et que traquaient depuis quatre mois les polices européennes. 

"Va se poser le problème de l'interprétation de l'extradition éventuelle, à savoir qu'un pays n'extrade pas ses propres ressortissants", poursuit-il. "Est-ce que le gouvernement belge peut extrader cet individu ? Quand on dit que tout cela va être réglé dans quinze jours, je le souhaite (...) Mais ce n'est pas certain", conclut le député LR. 

Un procès aura-t-il lieu ? Alain Marsaud ne s'est pas montré non plus très optimiste sur la tenue proche d'un procès. "Je n'y crois pas", confie-t-il, affirmant s'être entretenu avec ses anciens collègues du pôle antiterroriste du parquet de Paris. Les six juges d'instruction qui y travaillent ont en effet près "d'une demi-tonne de scellés" à examiner dans le cadre de cette instruction très complexe. "Je ne pense pas que l'on puisse avoir un réel procès avant 2020, il ne faut pas rêver", conclut ainsi l'ex-magistrat. Pour preuve, le frère de Mohamed Merah n'a été renvoyé devant les assises spéciales avec un complice que ce mois-ci. Soit quatre ans après les faits.