Raphael Maillant supplie la justice d'annuler sa condamnation

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M.-A.B. avec AFP , modifié à
Condamné à 17 ans de prison en 1997 pour le meurtre de son ex-compagne, l'homme a clamé une nouvelle fois son innocence devant la Cour de révision. Il sera fixé en septembre prochain. 

Clamant une fois de plus son innocence, Raphaël Maillant a supplié jeudi la Cour de révision d'annuler sa condamnation à 17 ans de prison pour le meurtre de sa petite amie. La Cour dira le 24 septembre si elle juge qu'il y a des éléments nouveaux de nature à établir son innocence ou faire naître un doute sur sa culpabilité et accepte ou non d'annuler la condamnation et d'ordonner un nouveau procès.

"Un tourbillon judiciaire". Agé de 45 ans, ce formateur d'animateurs sportifs a passé près de dix ans en prison, avant d'être libéré en 2004. Le 14 mars 1997, la cour d'assises des Vosges l'a déclaré coupable du meurtre de Valérie Bechtel, 20 ans, retrouvée morte dans un fossé dans la forêt domaniale de Thaon-les-Vosges le 12 août 1991. Entraîné dans un "tourbillon judiciaire qui dure encore aujourd'hui", Raphaël Maillant s'est décrit comme "spectateur" lors de ce procès. "Je n'étais pas préparé à me défendre", a-t-il assuré. La possibilité de faire appel aux assises n'existait pas à l'époque, et son pourvoi en cassation a été rejeté.

Le troublant Yann Bello. Il avait essentiellement été condamné sur la foi des accusations de Yann Bello, son meilleur ami de l'époque. "Je suis la victime de Bello", a déclaré Raphaël Maillant, "je vous supplie aujourd'hui de m'accorder cette révision". Selon Yann Bello, Maillant avait tué son ex-petite amie après un cambriolage chez les parents de la jeune fille pour y voler un magnétoscope, puis les deux amis avaient transporté le corps dans la forêt.

Yann Bello a écopé de deux ans de prison pour des délits connexes. Mais depuis, il a été condamné en 2014 par la cour d'assises de Charente-Maritime à 25 ans de réclusion criminelle, décision dont il a fait appel, pour le meurtre et le viol de sa femme, commis en 2011.

Un expert frappé un "mode opératoire très similaire". Cette dernière procédure a mis en évidence la personnalité trouble de Yann Bello, dont un expert psychiatre a souligné qu'il pouvait "facilement" recourir "à la falsification et à la déformation de la réalité", fait valoir l'avocate de Raphael Maillant, Sylvie Noachovitch. Un expert psychologue, qui a témoigné jeudi, s'est dit "frappé par le mode opératoire très similaire" dans les deux crimes, tout en précisant qu'il n'avait émis que "de simples hypothèses".

Lors de sa déposition, le président Didier Guérin a souligné qu'au regard des droits de la défense, il était "un peu délicat" de faire le procès d'un "absent". Un absent qui a maintenu sa version des faits. Là où la défense de Raphaël Maillant met en avant les similitudes entre les deux crimes, l'avocat général et l'avocat de la famille Bechtel, Gérard Welzer, insistent sur les différences. La famille de Valérie Bechtel n'a "pas de doute sur la culpabilité de Raphaël Maillant", a plaidé Me Welzer. Et pour lui, la déposition de l'expert qui "n'a pas vu une pièce du dossier" du meurtre de Valérie Bechtel, "c'est du bricolage".

"Vous êtes son dernier espoir". Aux yeux de l'avocat général Patrick Sassoust, qui "ne cherche pas à défendre coûte que coûte une erreur judiciaire, si tant est qu'elle existe", bon nombre d'arguments soulevés par Raphaël Maillant étaient déjà connus de la cour d'assises. Et les nouveaux éléments ne sont pas, selon lui, de nature à justifier l'annulation de la condamnation.

Une position constante du ministère public, qui n'a pourtant pas empêché Raphaël Maillant de franchir les étapes jusqu'à la Cour de révision. Il avait déjà présenté trois demandes de révision. La première avait été déclarée irrecevable, les deux autres avaient été rejetés. Son avocat, Me Sylvie Noachovitch a achevé sa plaidoirie jeudi en lançant à la Cour : "vous êtes son dernier espoir".