Prison de Gradignan : un détenu armé d'une fourchette agresse un psychiatre

En 2014, le personnel pénitentiaire avait bloqué la prison de Gradignan après des attaques de détenus.
En 2014, le personnel pénitentiaire avait bloqué la prison de Gradignan après des attaques de détenus. © MEHDI FEDOUACH / AFP
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avec AFP
Le prisonnier souffrait de troubles psychiatriques. Malgré une vigilance accrue, il a également blessé deux surveillants.

Un détenu suivi pour des troubles psychiatriques graves a agressé mercredi à coups de fourchette un psychiatre venu l'examiner à la prison de Gradignan (Gironde), près de Bordeaux, pour le tuer après avoir entendu "la voix d'Allah", a-t-on appris jeudi de source syndicale. Le psychiatre a été emmené à l'hôpital "très, très choqué", a-t-on indiqué de même source. "Il a toutefois pu reprendre son travail le jour-même (mercredi) de son agression", a informé jeudi l'Administration pénitentiaire. 

Un détenu surveillé. L'agresseur, âgé de 30 ans et originaire d'Afrique de l'ouest, "faisait l'objet d'un suivi régulier au sein d'une unité de soins du service médico-psychologique régional (SMPR)", a-t-on également précisé à l'AFP de même source. Dans le cadre de son suivi, il était également soumis à un "régime particulier" visant à assurer la protection des gardiens : "l'ouverture de la cellule à deux agents". Ce mode de fonctionnement mobilisant deux gardiens au lieu d'un seul, à chaque ouverture de la cellule, est "assez habituel quand le détenu peut avoir des accès de violence", a expliqué l'Administration pénitentiaire.

L'agresseur avait été condamné en 2014 à sept ans de prison pour avoir pris en otage les passagers d'un train en gare de Bordeaux, en juillet 2011. Il avait retenu pendant deux heures une femme sous la menace de deux sabres japonais et les policiers d'élite du GIPN avaient dû intervenir pour le maîtriser. Aucun passager n'avait été blessé. En garde à vue, il avait affirmé vouloir "se faire abattre par les policiers".

Deux surveillants blessés. Mercredi matin, le détenu, qui a effectué plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, s'était jeté sur un médecin psychiatre venu l'examiner au centre pénitentiaire de Gradignan (Gironde), a raconté à l'AFP Emmanuel Giraud, responsable régional du syndicat FO pénitentiaire pour la Nouvelle Aquitaine, confirmant une information du journal Sud Ouest. Selon M. Giraud, le détenu avait attaqué le médecin à l'aide d'une fourchette et lui avait "fracassé du mobilier sur la tête", disant par la suite avoir été poussé à ce geste par "la voix d'Allah". "Une surveillante a réussi à protéger le médecin mais a elle aussi pris des coups" et "un officier est parvenu à maîtriser l'agresseur mais a reçu un coup de tête", a ajouté le syndicaliste. Les deux surveillants blessés ont l'intention de porter plainte.

Structure inadaptée. "On demande que les détenus soient orientés vers des structures adaptées" à leur état psychiatrique, a dit le syndicaliste, précisant que l'agresseur avait été placé en détention à Gradignan dans une unité "classique". Malgré ses antécédents, l'homme avait bénéficié d'un régime de semi-liberté qui lui permettait de sortir de prison plusieurs jours par semaine, ne rentrant en cellule que pour la nuit. Un régime de semi-liberté qui avait été révoqué début 2016 pour "apologie du terrorisme", selon M. Giraud. "Il y a une unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) pour les détenus souffrant de troubles psychiatriques qui vient d'ouvrir à l'hôpital de Cadillac (Gironde), sa place était là-bas !", dit le syndicaliste.