Passe d’armes au procès Fiona : la défense quitte les Assises

Un accrochage a poussé les avocats de la défense à quitter le tribunal.
Un accrochage a poussé les avocats de la défense à quitter le tribunal. © Thierry Zoccolan / AFP
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Salomé Legrand, au Puy-en-Velay , modifié à
Un accrochage autour de l'audition d'une ancienne connaissance du couple Bourgeon-Makhlouf dans le milieu toxicomane de Clermont-Ferrand a poussé les avocats de la défense à quitter le tribunal.

Le président du tribunal les a rattrapés dans la rue, dossiers sous le bras, robe encore mise pour l’un. Sans succès. Les deux avocats de la défense, Me Renaud Portejoie, conseil de Cécile Bourgeon et Me Mohammed Khanifar, pour Berkane Makhlouf, ont quitté l’audience vendredi au cinquième jour du procès prévu pour durer deux semaines devant la cour d’Assises de Haute-Loire, au Puy-en-Velay.

Accrochage avec l'avocate de l’association Innocence en Danger. C’est un énième accrochage entre la défense et Me Marie Grimaud, avocate de l’association Innocence en Danger, partie civile au procès, qui a embrasé le prétoire. Alors qu’Amar, ancienne connaissance du couple Bourgeon-Makhlouf dans le milieu toxicomane de Clermont-Ferrand, est entendu, l’avocate intervient. Elle a "une difficulté" avec ce témoin. Et de détailler : "Me Khanifar, aujourd’hui avocat de Berkane Makhlouf, a assisté cet homme en garde à vue". Sur le banc d’en face, l’avocat bondit. Il reconnaît avoir été commis d’office pour qu’il puisse s’exprimer alors que les enquêteurs cherchaient des informations sur ce qu’on croyait encore être la disparition de la fillette, avant l’interpellation du couple. L’échange est tendu, confus, on entend Me Grimaud parler de "pacte". Me Portejoie demande à ce que ces propos soient actés en procédure.

La pause déjeuner n’a pas apaisé les tensions et dès la reprise Me Portejoie remonte au créneau. "Les deux avocats de la défense ont été mis en cause personnellement", tonne-t-il. "Nous ne sommes plus en mesure d’intervenir pour Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf sereinement." Il estime être accusé du délit de subornation de témoin et réclame des excuses.

"Nous sommes là pour la vérité". Me Grimaud s’avance alors à la barre : "Nous sommes là pour une vérité, nous sommes là pour Fiona", explique l’avocate. "Je vous prie de bien vouloir m’excuser chers confrères, si mes propos ont été perçus comme une atteinte à votre probité (…) C’est que j’ai du mal m’exprimer". Mais ça ne suffit pas. Quelques minutes après la suspension, les deux avocats rangent leur dossier et quittent précipitamment le tribunal, sans même avertir le président.