"Panama papers" : la Croix Rouge a servi à cacher de l'argent sale à son insu

© JOSEPH EID / AFP
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A.H. , modifié à
L'identité de l'organisation humanitaire La Croix Rouge, basée en Suisse, est utilisée sans autorisation par certaines entités pour cacher de l'argent sale, via Mossack Fonseca.

Nouvelle révélation dans le vaste scandale des "Panama papers". Dimanche, le quotidien Le Monde et le journal suisse Le Matin dimanche ont révélé que le cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca a usurpé le nom d’œuvres de charité pour dissimuler de l'argent sale. Parmi elles, Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la WWF. 

A l'abri des soupçons. C'est un système bien rodé qu'aurait utilisé la très centrale firme Mossack Fonseca. Deux fondations spéciales, Brotherhood Foundation et Faith Foundation, ont été créées par le cabinet pour permettre aux clients de détenir discrètement des actions de leurs sociétés offshore. En effet, ces fondations n'ayant pas d'actionnaires, le nom des clients n'apparaît pas derrière d'éventuels comptes bancaires. Et pour parer ces fondations de toute la respectabilité possible, c'est la Croix-Rouge qui a été citée, à son insu, comme leur bénéficiaire. Son aura international mettait de fait les clients à l'abri de tous soupçons. 

La Croix-Rouge pas au courant. Dans un mail transmis en interne, et que Le Monde et Le Matin dimanche ont pu consulter, la mécanique de la fraude est explicite. "Étant donné que les banques et institutions financières doivent maintenant obtenir les informations à propos des bénéficiaires financiers, il est devenu difficile pour nous de ne pas divulguer l’identité de ceux de la Faith Foundation. C’est pourquoi nous avons amélioré cette structure en désignant la 'Croix-Rouge internationale'. C’est plus facile de cette manière."

Dans un autre mail, il est spécifié que la Croix Rouge n'est pas informé de ce petit arrangement. Mossack Fonseca prétend alors bénéficier d'un loi panaméenne, autorisant les sociétés à utiliser les bénéficiaires d’une fondation sans les mettre au courant.

Des risques "énormes" pour la Croix-Rouge. Pour Peter Maurer, président du CICR, les risques "sont énormes. Si nous nous retrouvons, par exemple, associés a une société offshore, appartenant à une faction en guerre, je n'ose pas imaginer a quoi nous pourrions être mêlés", a-t-il dit. "Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin a cet abus". "Nous n'avons jamais eu de relation avec Mossack Fonseca et n'avons jamais reçu d'argent de leur part", a-t-il ajouté.