Migrants sur un ferry à Calais : deux "No Borders" parmi les prévenus

La manifestation pro-migrants qui s'est tenue à Calais le 23 janvier 2016.
La manifestation pro-migrants qui s'est tenue à Calais le 23 janvier 2016. © AFP
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C.B avec AFP , modifié à
Deux militants altermondialistes No borders sont jugés lundi aux côtés de six migrants qui s’étaient introduits illégalement sur un ferry, le 23 janvier dernier, à Calais.

Ils sont à l’origine de plusieurs actions permettant aux migrants de passer de l’autre côté de La Manche. Deux militants altermondialistes "No Borders" sont jugés lundi pour s'être introduits illégalement sur un ferry, le 23 janvier dernier, à Calais. Ils comparaissent devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer aux côtés de six migrants qui étaient également à bord du ferry dans le but de regagner l’Angleterre. Ces migrants, de nationalité afghane, soudanaise et érythréenne, et les deux militants français sont poursuivis pour "infraction au code des transports" et s'exposent à une amende de 3.750 euros et six mois de prison.

350 migrants bloquent le port de Calais. Le samedi 23 janvier, un défilé pro-migrants rassemble 2.000 manifestants, allant de la "Jungle" de Calais jusqu’au centre-ville. A la suite de ce regroupement sans heurt, un groupe de manifestants, des No Borders, radicalisent leur mode d’action. L’association qui milite pour l'ouverture des frontières soutient l'intrusion de migrants sur un ferry, un événement exceptionnel. Dans la nuit, les forces de l'ordre ont "procédé à l'éviction de 350 migrants qui bloquaient le port de Calais" et dont certains étaient montés à bord d'un ferry.

Les "No Borders" comparaissent libres. 35 personnes sont interpellées, 26 migrants pour embarquement frauduleux sur un navire, et neuf militants du collectif "No Borders".  Quinze sont placés en garde à vue et finalement, huit sont jugés lundi devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer. Les six migrants, qui comparaissaient sous le régime de la garde à vue, ont été maintenus en détention provisoire, étant donné le risque de non présentation. Les deux autres personnes, des militants No Borders, placées sous contrôle judiciaire, se présenteront libres car elles ont fourni des garanties sur leur présence au procès.

"Frontière = souffrance".La plupart de ces activistes sont Français. Ils sont originaires de la région, et même de Calais. Ils sont aux côtés des migrants depuis le démantèlement de la première "jungle" en 2009. S'ils sont souvent considérés comme des extrémistes de gauche, les "No Borders" ne se réclament d'aucun parti politique. Ils militent pour l'ouverture des frontières et cherchent depuis quelques temps le soutien des migrants dans leur combat. "La frontière n'a rien à faire là", déplore Arnaud. "Frontière = souffrance. Ce sont des situations de misère qui créent la violence. Une frontière, c'est violent. Il y a des morts. Il n'y en a jamais eu autant à Calais", confie Arnaud, cheveux blonds, barbe épaisse et pantalon large, interrogé par Europe 1.

Le gouvernement affirme, lui, que les "No Borders" participent activement à la montée de la violence. Les forces de l'ordre les surveillent de très près et ont pour objectif d'interpeller les leaders de ce mouvement.