Nicolas Charbonnier, l'étrangleur de Strasbourg. 1:26
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Arthur Helmbacher avec C.O. et AFP , modifié à
L'ancien militaire comparaît cette semaine aux assises du Bas-Rhin pour le meurtre d'une adolescente de 17 ans et le viol d'une fillette... il y a 30 ans.

"J'ai commis l'horreur". Celui qu'on surnomme "l'étrangleur" de Strasbourg, Nicolas Charbonnier, 53 ans, a exprimé jeudi, au premier jour de son procès, sa "honte" devant "l'horreur" de ses actes, restés impunis pendant 27 ans : le meurtre d'une adolescente de 17 ans et le viol d'une fillette de 10 ans. Devant les assises du Bas-Rhin, le quinquagénaire  a observé que sa propre fille de 10 ans a "exactement le même âge" que la fillette qu'il a violée il y a trente ans. "Je me mets à la place des parents, ça doit être vraiment insupportable pour eux, comme ça serait insupportable pour moi", a-t-il ajouté.

Un coup de fil au père de la fillette. L'ancien militaire a reconnu avoir étranglé avec une cordelette, puis violé la petite Marion V. qu'il avait surprise chez elle dans son sommeil, dans la nuit du 21 au 22 janvier 1986 à Strasbourg. Il avait quitté les lieux en abandonnant l'enfant inanimée mais vivante, et avait revendiqué son crime deux semaines plus tard, via un coup de fil anonyme au père de Marion. "Est ce que votre fille va bien, celle que j’ai violée la dernière fois ? Elle va bien, elle s’est bien remise ?", peut-on entendre dans ce coup de fil enregistré par les enquêteurs puis diffusé par les radios et télévisions locales. "Qui est à l'appareil ?", demande le père de la victime. "Devinez, c’est moi qui est passé la dernière fois." "Comment vous appelez-vous ? " questionne le père. "Ahh Zorro ! Allez salut", lance le meurtrier d'une voix provocante.

Rattrapé 27 ans après. C'est un coup de chance qui avait conduit les enquêteurs sur sa piste grâce à une empreinte de la paume de sa main, inexploitée 27 ans durant. En 2012, une enquêtrice a l'idée de la retourner de 180 degrés avant d'interroger le fichier national des empreintes. Ses empreintes venaient d'être fichées à la suite d'un banal vol dans le sud de la France. A son interpellation en janvier 2013 à Bordeaux, où il vivait depuis le début des années 1990, "ça faisait 27 ans que je gardais le secret en moi, 27 ans que j'avais honte des agressions, surtout du côté sexuel", a-t-il affirmé à la barre. 

Un meurtre deux mois plus tard. L'autre crime reproché à l'accusé remonte au 17 mars 1986. Ce soir-là, il avait tué une adolescente de 17 ans et tenté de faire de même avec sa sœur. Cette dernière avait réussi à s'enfuir. Nicolas Charbonnier devrait être fixé mercredi 23 mars sur son sort. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.