Le meurtre des gendarmes de Collobrières devant la justice

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avec Brigitte Renaldi et AFP , modifié à
Deux femmes gendarmes avaient été abattues en juin 2012 par le suspect d’un cambriolage à Collobrières, dans les Var. L’homme et sa compagne sont jugés à partir de mardi aux assises.

Ce meurtre de deux femmes gendarmes à Collobrières, dans le Var, avait soulevé l’indignation au moment des faits, en 2012. Leur mort avait, à l’époque, fait l’objet d’un hommage national en leur mémoire. Le procès d'Abdallah Boumezaar, accusé du meurtre et de l'assassinat des deux militaires en juin 2012, et de sa compagne Inès Farhat, jugée pour complicité, débute mardi devant la cour d'assises du Var à Draguignan. Les deux accusés, âgés respectivement de 32 ans et 22 ans, encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès est prévu sur deux semaines jusqu'au 20 février.

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Les faits. Le 17 juin 2012, vers 22 heures, l'adjudant Alicia Champlon, 28 ans, et le maréchal des logis chef Audrey Bertaut, 35 ans, sont appelées peu après 22 heures pour intervenir après un cambriolage à Collobrières, à une quarantaine de kilomètres de Toulon. L’auteur présumé du fric-frac ainsi que d’une autre tentative de vol dans la soirée est identifié comme étant Abdallah Boumezaar, un jeune homme déjà condamné à plusieurs reprises. Les deux gendarmes se rendent donc au domicile du suspect, un appartement qu’il partage avec sa compagne, Inès Farhat, elle aussi multirécidiviste. Sur place, la tension est déjà à son comble : la victime du premier cambriolage qui a identifié son voleur, est venue réclamer ses biens avec le renfort de proches.

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© AFP

Une bagarre éclate entre Abdallah Boumezaar et les gendarmes. L'homme se saisit de l'arme d'Audrey Bertaut, qu'il abat dans l'appartement. Il poursuit ensuite Alicia Champlon dans les petites rues de Collobrières et la tue. Il prend ensuite la fuite avec sa compagne, enceinte au moment des faits et qui a depuis accouché en prison d'une petite fille. Ils sont arrêtés quelques heures plus tard, dans le village, sans heurts.

"J’ai vu Alicia sur le dos, c’était terminé". Jean-François Charat, capitaine de gendarmerie aujourd'hui à la retraite, était le supérieur des deux femmes. Il est le premier à être arrivé sur les lieux du drame. "Je suis arrivé sur la place Pasteur, à Collobrières et j’ai vu Alicia, l’adjudant Champlon, qui était sur le dos. C’était terminé", raconte-t-il au micro d’Europe 1.  "On monte ensuite à l’étage et on découvre la deuxième, également à terre. Malheureusement, j’ai vu des morts dans ma carrière. Mais cette fois-là, ce sont deux personnes qui vous touchent de près, avec lesquelles vous avez échangé toute la journée, parce que je travaillais avec elles ce jour-là. On avait un peu chahuté et puis là on se retrouve devant ces mêmes personnes… sans vie", témoigne l’ancien militaire.

Boumezaar pourrait-il souffrir de schizophrénie ? Abdallah Boumezaar doit aujourd’hui répondre du meurtre d'Audrey Bertaut et de l'assassinat (le meurtre avec préméditation, Ndlr) d'Alicia Champlon, avec circonstances aggravantes. L’homme a toujours reconnu les faits. Mais son avocat, Stéphane Colombe, n'en redoute pas moins le caractère impulsif de son client, tout au long des neuf jours d'audience prévus.

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Déjà jugé en novembre à Toulon avec Inès Farhat pour les faits de cambriolage qui avaient précédé les homicides, le jeune homme  était apparu désireux d'en finir au plus vite. Se montrant agacé au point de frôler parfois la provocation, il a finalement été condamné à trois ans de prison. Sa compagne a quant à elle écopé de 10 mois. Abdallah Boumezaar a fait l'objet de trois expertises psychiatriques au cours de l'instruction, dont l'une a conclu à l'abolition de son discernement, évoquant un cas de schizophrénie.

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Le rôle d'Inès Farhat en question. Se pose également la question du rôle d'Inès Farhat, aussi bien au moment de la bagarre avec les gendarmes qu'après les meurtres. "Les témoins ont toujours soutenu qu'elle n'avait eu aucun rôle causal" dans les faits, assure son avocat Me Jean-Claude Guidicelli. "Elle y est pour quelque chose à coup sûr", assène de son côté Virginie Pin, une des avocates des parties civiles, qui représente le compagnon et les filles d'Audrey Bertaut et les parents d'Alicia Champlon. "Le véritable enjeu, c'est que la justice passe pour que le travail de deuil se fasse".