La Poste : quel remède au mal-être ?

© Max PPP
  • Copié
avec François Coulon , modifié à
Six mois après le suicide de deux cadres, un rapport préconise de recruter 4.500 personnes.

Comment réduire le mal-être à La Poste ? Six mois après le suicide de deux cadres en Ille-et-Vilaine, l'ancien secrétaire général de la CFDT, Jean Kaspar, publie son rapport sur les conditions de travail à La Poste. Pour améliorer le climat social dans le groupe, il préconise notamment l'embauche de 4.500 personnes. Mais en interne, la pression demeure.

Pour améliorer la situation, "il faudrait 2.000 emplois pour le dialogue social et 2.700 à 3.000 pour la formation, donc le chiffre varie autour de 4.500 à 5.000", détaille Jean Kaspar dans son rapport présenté mardi à la direction. Selon ce spécialiste, "il y a la réalité d'un mal-être même s'il n'est que partiel dans l'entreprise. Il y a la réalité des suicides, il faut répondre à tout cela".

Un climat toujours tendu

Europe 1 est retourné à l'agence postale d'Ille-et-Vilaine, théâtre des suicides en mars dernier. Ces événements ont eu pour conséquence de stopper la réorganisation, jugée trop brutale. A Rennes, tout a été subitement gelé dans l'attente des résultats de la commission Kaspar. Mais le climat anxiogène n'a pour autant pas disparu. Il y a en effet toujours de grosses inquiétudes sur l'avenir et les changements de postes.

Et des suicides, il y en a eu d'autres à La Poste d'Ille-et-Vilaine. Selon des informations d'Europe 1, un postier a mis fin à ses jours et un autre a tenté de le faire avant l'été. Deux postiers, qui selon leurs collègues, étaient en souffrance à leur travail. Le climat reste donc tendu.

Des témoins "ont peur"

Les syndicats dénoncent même les pressions persistantes de la direction sur le cours de l'enquête sur les suicides. En témoignent les rétractations en chaîne dans l'enquête sur la mort de Jérémy, l'un des postiers, en mars dernier. "Les collègues de Jérémy se sentent complètement piégés, ils n'osent plus rien dire. A tel point que certaines personnes qui avaient mentionné des choses ont retiré leurs déclarations au niveau des inspections, au niveau des enquêtes. Donc c'est vraiment dramatique. Ils ont peur, ils ont peur des représailles de leurs dirigeants", déplore Sonya Royer, déléguée CFDT à La Poste, interrogée par Europe 1.

Cette dernière appelle donc les dirigeants à réagir de toute urgence. "C'est lamentable. Quand on arrive à La Poste pour y travailler on est fier d'y rentrer. Là, on a honte. J'ai envie de dire aux dirigeants : 'arrêtez le massacre.'"

D'autres membres du personnel estiment que la proposition des 4.500 embauches permettra d'apaiser le climat social de La Poste. Mais pour un vrai changement, ils réclament "la démission des responsables des suicides."