La mère de Typhaine "perdait pied"

Jugée pour la mort de sa fille, Anne-Sophie Faucheur a évoqué des "relations difficiles" avec elle, dès sa naissance.
Jugée pour la mort de sa fille, Anne-Sophie Faucheur a évoqué des "relations difficiles" avec elle, dès sa naissance. © Reuters
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Frédéric Frangeul avec Chloé Triomphe et agences , modifié à
Jugée pour la mort de sa fille, elle a évoqué des "relations difficiles" avec elle, dès sa naissance.

L’INFO. Elle a tenté de mettre des mots sur l’indicible lors de la première journée d’audience devant les assises du Nord. Anne-Sophie Faucheur, qui comparaît avec son ancien compagnon, Nicolas Willot, pour le meurtre de sa fille Typhaine, âgée de 5 ans, est revenue sur les circonstances qui ont conduit au drame en juin 2009. Avec, en toile de fond, "les relations difficiles d'une mère avec sa fille.

Typhaine avait succombé à un ultime déchaînement de violences qu’Anne-Sophie Faucheur et son compagnon avaient camouflé en faisant passer la mort de la fillette pour une disparition. L’affaire, très médiatisée, avait connu son épilogue six mois plus tard, avec les aveux de la mère et la découverte du corps de la fillette en Belgique en décembre 2009.

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Une enfant mal aimée. Typhaine, née à peine un an après sa première soeur, Caroline, n'était pas désirée. "C'est difficile dès la maternité, je la rejette un peu", a raconté Anne-Sophie Faucheur, poursuivie pour homicide volontaire.  Après une "séparation compliquée" avec le père de ses deux filles en décembre 2005, Typhaine est élevée par sa grand-mère paternelle. "Le lien se rompt" entre la mère et la fille. "Je la voyais peu, c'était froid, elle ne me reconnaissait pas", a expliqué Anne-Sophie Faucheur à l'audience.

Une fillette martyrisée.  Pourtant, alors que Typhaine est sous la garde de son père, Anne-Sophie Faucheur va "récupérer" sa fille à la sortie de l'école le 22 janvier 2009 parce qu'elle "(lui) manquait".  Les violences infligées à Typhaine ont commencé peu après, allant crescendo jusqu'à la mort de la fillette moins de six mois plus tard. "J'avais idéalisé nos retrouvailles, je ne me suis pas dit qu'elle pouvait être perturbée. Je pense que j'attendais beaucoup de choses, je perdais pied. A partir de février, je commence à être autoritaire, dure", a reconnu l'accusée. Anne-Sophie Faucheur a toutefois dit se rendre compte de "la monstruosité de (s)es actes".  

Une violence continue. "La situation s'est vite aggravée, Typhaine était une enfant timide et renfermée, jamais heureuse quoi qu'on fasse, cette attitude a agacé Anne-Sophie. Elle la frappait quand elle était en colère, tout était prétexte à la frapper", a témoigné son ex-concubin, Nicolas Willot, impassible dans le box.  "Pour moi, la période (des violences) est plus courte, de mi-mai à juin" 2009, a-t-il précisé.

Un concubin faible. Nicolas Willot s’est décrit à l’audience comme un homme "totalement soumis" à sa compagne, une jeune femme au "fort caractère" et "manipulatrice" à qui il ne pouvait rien refuser. Le jeune homme, qui avait caché l'existence de Typhaine à de nombreux proches, n'était pas "prêt à accueillir" la fillette, en plus de Caroline et de sa fille naturelle Apolline, née de son union avec Anne-Sophie Faucheur.  "A cinq, on était beaucoup, je ne voulais pas faire de mal à Anne-Sophie, mais je trouvais qu'on était trop nombreux, je n'ai pas osé lui dire", a-t-il lancé.

L’accusée accablée. Les yeux rougis derrière des lunettes, entièrement vêtue de noir, Anne-Sophie Faucheur a expliqué "ne pas avoir voulu donner volontairement la mort à (s)a fille". Pour son avocate Me Blandine Lejeune, elle est "consciente de l’horreur de son crime"  et ne "se fait aucune illusion". Anne-Sophie Faucheur et son ex-compagnon encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict devrait être rendu vendredi.