Le casse-tête des obsèques de Coulibaly et des frères Kouachi

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Plusieurs villes pourraient accueillir les dépouilles de Chérif Kouachi, son frère Saïd et Amedy Coulibaly. Mais pour l'heure, les municipalités concernées se montrent frileuses.

Leur enterrement devrait intervenir dans les jours qui viennent. Mais le mystère demeure sur leur lieu de sépulture. Europe 1 a contacté les villes susceptibles d'accueillir les dépouilles de Chérif Kouachi, son frère Saïd et Amedy Coulibaly, mais aucune municipalité n'a eu de demande formelle pour l'enterrement des trois terroristes. En attendant, leurs dépouilles se trouvent toujours à l'institut médico-légal, dans le 12eme arrondissement de Paris. Comme avec Mohamed Merah en 2012, qui avait été inhumé huit jours après sa mort, l'enterrement des terroristes devrait donc avoir lieu dans les tout prochains jours. Et, comme le cas de Mohamed Merah, la question risque de donner lieu à quelques polémiques.

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Que dit la loi ? "Le droit de sépulture sur une commune est dû à toute personne qui y réside, qui y est décédée ou qui y possède une sépulture de famille", résume Jean-Luc Bringuier, juriste spécialisé dans le droit funéraire, contacté par le JDD.fr. Le droit d'être enterré est donc inscrit dans la loi française. Et ce droit est aussi valable pour les trois terroristes.

Si on résume, ces derniers peuvent donc être inhumés dans la ville où ils résidaient, dans la ville où ils sont morts ou encore dans la ville où se trouve un caveau familial. Mais dans certains cas sensibles, les maires ont tout de même leur mot à dire : ils peuvent en effet exiger une présence policière lors de l'enterrement et que la tombe du défunt soit anonyme.

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Le cas des frères Kouachi pas tranché. Dans le cas des frères Kouachi, ces derniers ont été tués par les membres du GIGN, dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële, en Seine-et-Marne.

Saïd Kouachi, l'ainé, vivait pour sa part à Reims, où la municipalité s'est d'ores et déjà fermement opposée à son enterrement. "Je ne veux surtout pas qu’on ait une sépulture sur la commune qui puisse servir de lieu de recueillement pour quelques fanatiques", argumente le maire UMP de Reims, Arnaud Robinet. Concernant le frère cadet, Chérif Kouachi, il pourrait être enterré à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine. Si la municipalité confirme que le terroriste résidait bien dans cette ville, et qu'à ce titre, Chérif Kouachi pourrait y être inhumé, elle précise toutefois que "rien n'a été décidé". "Mais je pense qu'une commune ne peut pas s'y opposer", ajoute-t-on à la mairie de Gennevilliers.

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Reste enfin la possibilité d'enterrer les deux frères dans un caveau familial. Les parents Kouachi, des immigrés venus d'Algérie, sont morts alors que les deux frères étaient âgés d'une dizaine d'années. A l'époque, les deux enfants et leurs trois frères et sœurs, vivaient à Paris, dans le Xeme arrondissement. La mairie de Paris n'était pas en mesure de nous confirmer que les parents avaient été enterrés dans la capitale. Mais pour que des individus soient enterrés dans un caveau familial, il faut qu'une place leur soit attribuée à "l'avance". Sachant que les parents Kouachi sont morts subitement, il y a donc peu de chance pour que les deux frères soient inhumés à leurs côtés, à Paris.

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Tout comme celui d'Amedy Coulibaly. Amedy Coulibaly, l'auteur de la prise d'otages au cours de laquelle quatre juifs ont été tués, lui est mort vendredi, porte de Vincennes, à Paris. Il pourrait donc être enterré dans la capitale, si sa famille en fait la demande. Ce qui n'est pas le cas, selon les informations d'Europe 1.

Reste la ville de Fontenay-aux-Roses, où le terroriste a vécu juste avant sa mort. "Nous n'avons reçu aucune demande des services d’état civil allant dans ce sens. Pour l'heure, le problème ne s’est donc pas posé ici", nous indique néanmoins la municipalité des Hauts-de-Seine.

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Un précédent sensible. Le mystère autour des lieux de sépulture des trois terroristes rappelle celui survenu à la suite de la mort de Mohamed Merah, tué lors d'un assaut du Raid, en mars 2012, à Toulouse. La question de son inhumation dans la ville avait fait polémique. Le maire refusant d'accueillir la dépouille du "tueur au scooter", craignant qu'elle devienne un lieu de pèlerinage pour les islamistes. La question de l'inhumer en Algérie avait alors été soulevée par la mère du jeune terroriste, originaire d'Alger. A la dernière minute, les autorités algériennes avait refusé la demande.

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Il avait alors fallu que le président Nicolas Sarkozy intervienne pour faire fléchir le maire de Toulouse de l'époque, Pierre Cohen. Finalement, Mohamed Merah a été enterré au cimetière de Cornebarrieu, à cinq kilomètres de Toulouse. Le tout encadré par un important dispositif policier, notamment avec un hélicoptère qui survolait la zone.