Dominique Cottrez en larmes avant le verdict

© PHILIPPE HUGUEN / AFP
  • Copié
B.B avec AFP , modifié à
L'avocat général a requis 18 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Dominique Cottrez, accusée d'avoir tué huit nourrissons à leur naissance.

Durant ce procès qui aura duré six jours au total, la présidente Anne Segond, les avocats généraux, les avocats de la défense, ont tenté de percer le mystère Cottrez et les motivations qui se cachent derrière le plus important cas d'infanticide en France. Lundi, les avocats de Dominique Cottrez ont plaidé. Puis le jury de la cour d'assises du Nord s'est retiré vers 11 heures pour décider du sort de cette ancienne aide-soignante de 51 ans. Mercredi, l'avocat général Eric Vaillant a requis 18 ans de réclusion criminelle à son encontre.

Une plaidoirie compliquée. L'avocate de Dominique Cottrez, Marie-Hélène Carlier, avait estimé mercredi que sa cliente était considérée "comme une malade du Sida". "On en train de la regarder, de voir cette maladie, de se dire qu'est-ce que c'est ? Ce n'est pas encore catalogué dans les maladies mentales. Ça nous fait peur, ça nous effraie. Pour autant, est-ce qu'on n'a pas le devoir, en particulier quand on est représentant du ministère public, de faire des recherches, d'être particulièrement attentif avec tout ce qui a pu se dire sur la médicalisation, les recherches médicales ?", a réagi Marie-Hélène Carlier, auprès des journalistes. Aux côtés de Frank Berton, elle a dû s'employer, jeudi, à convaincre les jurés.

"Jugez-la selon sa pathologie, selon ce qu'elle est!" "Si cette femme prenait du plaisir, on n'aurait pas retrouvé les corps. Elle les conserve dans ce mécanisme du psychisme qui est complètement prisonnier. Elle se lève la nuit en hiver, pour aller couvrir les corps d'une couverture", a tonné Me Frank Berton. "Mais tout va bien!", conclut-il ironiquement. "Jugez-la selon sa pathologie, selon ce qu'elle est!", a plaidé Me Marie-Hélène Carlier, rappelant que dans d'autres pays comme en Finlande, en Suisse ou au Royaume-Uni les peines pour les femmes commettant des néo-naticides après un déni de grossesse se réduisaient parfois à de la prison avec sursis. Son obésité aura dicté le destin de Dominique Cottrez, soumise au regard des autres, celui de la sage-femme de son premier accouchement principalement qui lui reproche son surpoids.

>> L'envoyé spécial d’Europe 1 a assisté à la plaidoirie de la défense :

"Ce qui devait être le plus beau jour de sa vie va se transformer en catastrophe monumentale. Ça l'a détruite", a rappellé Me Carlier. "Je comprendrais d'être condamné. On n'a jamais plaidé l'innocence, on a plaidé une détresse. Vous croyez qu'elle présente un danger, quand on vous demande de la juger pour ce qui s'est passé il y a un quart de siècle?", s'interroge Me Berton, qui souligne que Dominique Cottrez n'avait que 26 ans lors du premier infanticide.

"L'explication d'inceste nous rassurait, mais nous endormait aussi". La défense savait que sa mission sera encore un peu plus compliquée depuis le rebondissement spectaculaire du début de semaine. Dominique Cottrez a en effet avoué avoir menti sur une relation incestueuse avec son père, inventée semble-t-il de toute pièce pour tenter d'expliquer ses actes. "L'explication d'inceste nous rassurait, mais nous endormait aussi", a reconnu Eric Vaillant lors des réquisitions. Si ce dernier n'a pas requis la peine maximale suggérée par la loi - la réclusion criminelle à perpétuité -, c'est parce qu'il a, dit-il, prix en compte certaines circonstances : la personnalité de l'accusée, son "hyper-fragilité" et son "hyper-névrose", ses conditions de vie, ses troubles psychiques.