Isère : les ouvriers d'un chantier menacés par des jeunes au chômage

La préfecture a décidé d'organiser la semaine prochaine une réunion pour tenter de trouver une solution. (Photo d'illustration)
La préfecture a décidé d'organiser la semaine prochaine une réunion pour tenter de trouver une solution. (Photo d'illustration) © LOIC VENANCE / AFP
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Du côté des habitants, certains affirment que les individus qui ont provoqué l'arrêt des travaux veulent aussi mettre la cité sous leur coupe, gangrenée par le trafic de drogue.

Le chantier d'une crèche et halte-garderie d'un quartier sensible d’Échirolles (Isère) - un gros équipement public destiné à accueillir 40 enfants à la rentrée prochaine -, est arrêté depuis la mi-mai. La raison : des menaces faites aux ouvriers par un groupe de jeunes du quartier, qui réclament les emplois des ouvriers, révèle Le Dauphiné Libéré

"On s'en prendra à vos familles". Au Village 2, les habitants sont en colère, tandis que le maire d’Échirolles dénonce "une situation inacceptable", comme le rapporte Le Parisien. Tout commence le 17 mai, lorsque des jeunes du quartier prennent à partie les ouvriers qui travaillent à la construction du bâtiment. Les ouvriers sont menacés par un petit groupe de jeunes : "Vous arrêtez le chantier ou l'on va vous sortir violemment. Et si vous nous dénoncez, on vous retrouvera et on s'en prendra à vos familles", lancent-ils, selon les témoignages recueillis par le quotidien. Ces jeunes exigent d'être embauchés sur le chantier (via un dispositif d'insertion), car celui-ci se déroule dans "leur quartier".

La police municipale prise à partie. Mais le 12 juin dernier, après un mois d'arrêt, les entreprises en charge du chantier tentent de reprendre les travaux, en vain. Les ouvriers sont encore une fois menacés. Arrivés sur place, les agents de la police municipale sont à leur tour pris à partie. C'est la police nationale qui intervient alors, appréhendant deux jeunes. Ils comparaîtront d'ailleurs en octobre pour "outrage". Sur le chantier, depuis, les ouvriers peinent à revenir. 

Une situation "inacceptable". Du côté des habitants, certains affirment que les individus qui ont provoqué l'arrêt des travaux veulent aussi mettre la cité sous leur coupe, gangrenée par le trafic de drogue, précise Le Parisien. Début juillet, plusieurs personnes impliquées dans un trafic de stupéfiants ont été arrêtées. Parmi eux, deux auraient participé au blocage du chantier. Le maire PCF d'Echirolles, Renzo Sulli, a écrit au préfet de l'Isère : "Il est inacceptable que de telles situations perdurent au mépris des habitants, des villes concernées et des forces de sécurité. Il s'agit de nouvelles formes d'appropriation de territoires par des petits groupes n'hésitant pas à avoir recours aux menaces, à la violence et au racket envers les entreprises afin de continuer à les contrôler pour protéger leurs trafics. Il y a urgence à réagir le plus fermement possible", relate le quotidien.

"On veut travailler". De leur côté, les jeunes assument leurs actions : "Il n'y a pas de travail ici. Tous les jeunes sont au chômage. On veut donc travailler sur les chantiers qui se déroulent dans notre quartier. On en a marre de voir des travailleurs étrangers faire les travaux." La préfecture a décidé d'organiser la semaine prochaine une réunion pour tenter de trouver une solution.