Inondations : l'urbanisation au banc des accusés

© GAIZKA IROZ / AFP
  • Copié
Laure Dautriche et B.B , modifié à
Pour les experts, le bétonnage de la Côte d'Azur est l'un des facteurs explicatifs des dramatiques intempéries du week-end.

Météo France avait émis une alerte orange, mais la violence des pluies a surpris tout le monde samedi soir. A Mandelieu, où se trouvait Europe 1 lundi matin, il est ainsi tombé l'équivalent de trois semaines de précipitations en une heure. Idem à Cannes ou à Antibes. Un phénomène météo totalement exceptionnel, mais l'heure est désormais à la recherche du coupable. Et c'est la politique d’urbanisation menée depuis des décennies par les différentes gouvernements qui est dans le viseur.

"On est face à un cycle infernal sur la Côte d'Azur". Sur la Côte d'Azur, des maisons de plain-pied ont été construites dans des zones vulnérables. La population de la région a presque doublé en 40 ans et là où il y avait auparavant des forêts ou des champs qui absorbaient les eaux de pluie, il y a maintenant des dizaines de pavillons situés entre la mer et la montagne. Karine Emsellem, une géographe qui connait parfaitement cette région, regrette cette tendance forte : "on connait un phénomène de surconcentration. On s'entasse là où, il y a encore 40 ans, c'était des zones inconstructibles. On est face à un cycle infernal sur la Côte d'Azur. C'est bétonné donc les zones sont désormais imperméables. Et l'eau glisse dessus, ne s'infiltre plus et s'accumule".

ffffffffffffffffffffff

"On a besoin de permettre à l'eau de couler quand il y a de fortes pluies". L'ancienne ministre de l'Ecologie, Corinne Lepage, actuellement présidente de CAP 21, ne dit pas autre chose : "chacun sait que la Côte d'Azur a été construite et sur-construite. A force de mettre du goudron partout, d'élever des murs, et bien l'eau ne passe plus. Or on a besoin de permettre à l'eau de couler quand il y a de fortes pluies. La question n'est plus seulement de protéger le littoral pour des questions environnementales, c'est de protéger des vies", a-t-elle assuré sur Europe 1.

"Une seule solution : s'adapter au changement climatique". Corinne Lepage met également en cause le changement climatique, car "ce n'est pas seulement un cours d'eau qui grossit parce qu'il pleut ! On est en face d'un événement climatique anormal, dont on peut penser qu'il va devenir, si ce n'est normal, du moins banal. Il faut changer, nous n'avons pas le choix ! Il n'y a qu'une seule solution : s'adapter au changement climatique."

Invité lundi matin d'Europe 1, Laurent Fabius a de son côté réfuté cette théorie : "On ne peut pas établir un lien entre le dérèglement climatique en général et un phénomène en particulier", a estimé le ministre des Affaires étrangères. Les scientifiques étudient en tout cas la région de près car, pour eux, elle connait - et elle connaitra - de plus en plus d'événements climatiques anormaux. Des mesures sont d'ores et déjà envisagées, comme la construction de digues à certains endroits.