Germanwings : trois juges de Marseille chargés d'enquêter sur le crash

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avec AFP , modifié à
A l'occasion d'une rencontre, jeudi à Paris, avec les familles des victimes du crash de l'A320, le procureur de Marseille a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire contre X pour homicides involontaires.

Le procureur de Marseille, Brice Robin, a retrouvé jeudi après-midi, à Paris, les proches des victimes de l'accident de l'avion A320 de la Germanwings. Une réunion qui intervenait alors que certains d'entre eux ont fait part de leur ressentiment face au retard pris dans le rapatriement des dépouilles dans leur pays. Lors de ce face à face avec le procureur, les proches des victimes ont par ailleurs appris que trois juges marseillais allaient être chargés de mener l'enquête sur le crash.

Le suicide d'Andreas Lubitz

L'Airbus A320 assurant le vol 9525 entre Barcelone et Düsseldorf s'est écrasé le 24 mars dans une zone montagneuse très difficile d'accès. Selon les enquêteurs, l'appareil a été précipité au sol par son copilote allemand, Andreas Lubitz, qui avait souffert dans le passé de graves troubles psychologiques.

Une information judiciaire ouverte. Jeudi après-midi, près de 200 proches sont arrivés dans une annexe du ministère des Affaires étrangères, dans le sud-ouest de Paris, où s'est déroulée la réunion. Au moins sept mini-bus et un bus étaient stationnés à proximité. Lors de cette rencontre, Brice Robin a annoncé aux familles des victimes qu'il allait confier l'enquête à trois juges d'instruction, a affirmé à la presse Stéphane Gicquel, président de la Fenvac, la fédération des victimes d'accidents collectifs.

Il y a-t-il eu des manquements de la Lufthansa ? "Ça a été annoncé sans ambiguïté par le procureur, qu'il allait ouvrir une information judiciaire et que trois juges du pôle accidents collectifs de Marseille allaient enquêter au titre de l'homicide involontaire", a déclaré le président de l'association à l'issue de cette rencontre. L'enquête se penchera sur la détection de l'état de santé mentale du copilote, a-t-il rapporté. Cette enquête va "très clairement" chercher à déterminer l'existence ou non "de fautes ou de manquements dans la détection de l'état de santé de Lubitz par la compagnie Lufthansa", la maison-mère de Germanwings, a expliqué Stéphane Gicquel.

La question du retour des dépouilles au menu. Le procureur de Marseille, qui a la charge de l'enquête, avait précisé qu'il également évoquerait au cours de cette rencontre "les procédures d'identification" et de "rapatriement des corps", ainsi que "la restitution des effets personnels identifiés ou non identifiés".

Seulement 44 corps rapatriés en Allemagne. Près de trois mois après la tragédie, seuls les corps de 44 victimes allemandes ont été transférés outre-Rhin, par un vol spécial de la Lufthansa mardi. Un deuxième vol doit rapatrier une trentaine de cercueils de Marseille à Barcelone le 15 juin, a annoncé mercredi Lufthansa, maison-mère de Germanwings. L'accident a entraîné la mort de 150 personnes, dont 72 Allemands et 50 Espagnols. Les victimes étaient originaires de 18 pays de tous les continents.  

Lufthansa pointe des erreurs dans les certificats de décès. Les proches de 16 lycéens allemands morts dans l'accident -dont les dépouilles ont finalement été transférées mardi dans leur ville d'Haltern am See (ouest du pays) - avaient fait part la semaine passée de leur colère face au retard pris dans le rapatriement. Un délai annoncé dans un message "lapidaire" de Lufthansa. La compagnie aérienne leur avait dit que ce retard était dû à des erreurs commises dans l'établissement des certificats de décès, expliquaient-ils.

"Tous les actes sont partis depuis 3 semaines". Le signataire des certificats de décès, Bernard Bartolini, maire de Prads-Haute-Bléone, commune des Alpes-de-Haute-Provence où l'avion s'est écrasé, a réfuté tout "problème", faisant état de simples erreurs typographiques "sur des noms à consonance étrangère"."Ça ne bloque rien du tout (...). Tous les actes sont partis depuis trois semaines, et à mesure que nous recevons les corrections demandées par le procureur, nous les faisons", a-t-il indiqué.

Pour Lufthansa, "les autorités françaises travaillent dur" pour régler les formalités nécessaires au transfert des victimes "le plus rapidement possible". "Le rapatriement des dépouilles des victimes dans leur pays continuera au cours des prochaines semaines et devrait être achevé à la fin juin", affirme la compagnie aérienne, qui assure être en "contact étroit avec les proches pour s'assurer que le transfert des dépouilles est effectué selon leurs vœux".