Fabriquer des fumigènes ? Un jeu d’enfant, malheureusement

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Les conseils pour fabriquer un fumigène avec des moyens artisanaux abondent sur Internet. © Capture d'écran Youtube
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Julien Pearce et , modifié à
Les trois adolescents tués samedi, en Haute-Loire, auraient été victimes d’un mélange chimique "non maîtrisé" en confectionnant un fumigène. Une recette accessible en deux-trois clics.

"Comment faire un bon fumigène maison ?" ou "Fabriquer un fumigène puissant" ; voilà ce que l’on peut trouver sur Internet en quelques clics. Une réalité terrifiante dont a fait part à Europe 1 le vice-procureur du Puy-en-Velay, Yves Dubuy, dimanche, après la mort de trois adolescents dans une explosion samedi, dans le village de Bas-en-Basset en Haute-Loire. "J'ai eu la surprise de découvrir des recettes complètes sur Internet, sur des sites irresponsables de jeu de type 'Airsoft’ ", a-t-il déclaré. Lundi, le quatrième jeune se trouvait toujours dans un état grave, même si "les médecins l'on stabilisé par miracle".

Ces recettes pour "fumigène maison" nécessitent la manipulation de produits chimiques extrêmement dangereux, comme l'acide chlorhydrique et l’acétone. Ce sont ces deux composants qui ont été retrouvés dans les débris de la bâtisse abandonnée où a eu lieu l’explosion, a-t-on appris dimanche auprès du parquet. Car d’après les premiers éléments de l’enquête, les quatre adolescents voulaient fabriquer un fumigène artisanal pour pratiquer l’Airsoft, un jeu grandeur nature de simulation de combats avec des armes factices.

"Et après, on se casse !" Or, pour arriver à créer son propre fumigène, il n’y a rien de plus simple. Il suffit de suivre les instructions sur les forums ou vidéos en ligne où les apprentis chimistes échangent leurs trucs et astuces. Des vidéos qui sont, la plupart du temps, réalisées par de jeunes adolescents.

"Alors, c’est parti. Petit fumigène d’abord, on va foutre de l’acide dans ça… Et on se casse !" lâche l’un d’eux, sur l’un des "tuto" que l’on peut voir en ligne. Car bien souvent, le seul conseil de sécurité que l’on donne dans ces celles-ci est de courir vite, en dépit de toute précaution de base.

Des dizaines de recettes artisanales en ligne. Des dizaines de séquences tutorielles sont ainsi disponibles en ligne, destinées principalement aux amateurs de jeux de simulation de guerre où l’on se tire dessus avec des pistolets à bille. Dépassé par les événements, Pierre Speisser de la fédération française d’Airsoft - le jeu dont étaient adeptes les quatre victimes - en appelle à la vigilance des parents.

"A charge aux parents de faire attention à ce que les mineurs font sur Internet. Il vaut mieux privilégier les composés tout prêts, les fumigènes et les artifices tout prêts, faits en usine par des professionnels, testés et stables", insiste-t-il avant de conclure : "Et, en aucun cas utiliser du matériel fait soi-même et qui comporte d’énormes risques pour la santé."

Des risques méconnus des apprentis chimistes. Une manipulation de produits chimiques très dangereux, en totale ignorance des risques, c’est ce qui est à l’origine de l’explosion mortelle qui a eu lieu samedi, à Bas-en-Basset. Des mélanges "par nature instables et très sensibles aux fortes températures", a précisé le vice-procureur de la République du Puy-en-Velay, Yves Dubuy. Justement, "il faisait très chaud" samedi.

Pour éviter ce genre de drame, la fabrication de fumigènes, mais surtout la diffusion des conseils permettant de les fabriquer, est punie par le code pénal. L’apprenti chimiste qui partage sa recette en ligne encourt ainsi jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende.