Elle reçoit la corde de son mari retrouvé pendu au travail : "un choc"

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Lionel Gougelot avec
Le 13 juin, Lysiane a reçu un colis, envoyé par l'entreprise de son mari et contenant la sangle avec laquelle il s'est pendu. Aujourd'hui, elle évoque son "traumatisme".

"J'ai eu un choc". Le 13 juin dernier, Lysiane a reçu par La Poste un colis contenant la sangle avec laquelle son mari s'est pendu. Ce dernier s'était suicidé quelques mois plus tôt, en février, sur son lieu de travail, à Berck, dans le Pas-de-Calais. Le patron de l'entreprise a présenté ses excuses à la veuve, évoquant "une erreur regrettable", rapporte La Voix du Nord. Mais, pour Lysiane, l'envoi de ce colis macabre constitue une méthode d'intimidation de la part de l'ancien employeur de son conjoint.

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"C'est terrifiant de découvrir ça". Son mari, ouvrier de production dans une entreprise de fabrication de fibres textiles, a été retrouvé mort pendu le 28 février. Ce n'est que quelques mois après que Lysiane a pu récupérer ses effets personnels. "Dans ce colis, il y avait ses chaussures de sécurité, des tee-shirts, sa trousse, des papiers personnels… et j'ai eu le droit d'avoir la corde avec laquelle il était passé à l'acte. Je me suis tout de suite dit que c'était la corde avec laquelle il s'était pendu, parce qu'elle a une sangle, comme une corde de pendaison", détaille Lysiane au micro d'Europe 1.

Pour elle, l'envoi des effets personnels de son mari par La Poste et le fait que le colis contienne la corde de pendaison, constituent un double choc. "C'est terrifiant de découvrir ça, d'autant plus que ces affaires m'ont été envoyées par La Poste. Ça fait remonter plein de choses et ça fait peur aux enfants de découvrir que l'on envoie ça chez leur maman. Ils ont tous été choqués, parce que ce n'est pas normal de faire ça", estime-t-elle.

Des excuses qui ne convainquent pas. Le chef d'entreprise évoque, lui, "une erreur regrettable". Et de préciser : "La police nous avait demandé de réunir les effets personnels de votre mari et la corde en cas de besoin pour l’enquête. Lors de votre demande, nous avons expédié le colis préparé sans en vérifier le contenu. Je vous renouvelle mes excuses, déjà exprimées par téléphone, pour cette importante maladresse", écrit-il dans un courrier adressé à la conjointe du défunt.

Mais pour Lysiane, ces explications ne sont pas convaincantes. "Le courrier dit que la police lui a demandé de maintenir cette corde en cas de besoin pour l'enquête, mais pas de l'envoyer à la veuve", rétorque-t-elle.

Une "tentative d'intimidation". Selon la veuve, il s'agit davantage d'une tentative d'intimidation de l'entreprise. "Pour moi ce n'est du tout de la maladresse. Je pense que c'est de l'intimidation pour m'empêcher de poursuivre l'action en justice, vu que mon mari avait déposé une plainte. Il était harcelé et ce n'était pas la seule personne. Donc, pour moi, c'était juste pour m'intimider", estime-t-elle.

Son mari avait en effet porté plainte six mois auparavant contre un collègue qu'il accusait de harcèlement.  Depuis, sa femme se bat pour que son suicide soit reconnu comme un "accident du travail". Un moyen de faire reconnaître la responsabilité de l'employé dans cette affaire et de percevoir 60 % du salaire de son mari et une rente pour son fils mineur. Lysiane a donc déposé une nouvelle plainte au commissariat. Mais dans son rapport, l’enquêtrice en charge du dossier pour la sécurité sociale n’a pas retenu cette qualification, rapporte La Voix du Nord.