Disparues de la gare de Perpignan : le principal suspect se rétracte

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Chloé Pilorget-Rezzouk
Jacques Rançon, qui avait avoué en octobre dernier avoir tué Mokhtaria Chaïb, est revenu sur ses déclarations.

L’info. Ses aveux avaient sonné la fin d’une énigme criminelle longue d’une vingtaine d'années, connue sous le nom de l’affaire "des disparues de la gare de Perpignan". Mais ultime rebondissement, le suspect n°1 du meurtre de Mokhtaria Chaïb est revenu sur sa version des faits.

Des aveux obtenus "sous la pression". Le 15 octobre 2014, Jacques Rançon avait reconnu avoir tué en décembre 1997, Mokhtaria Chaïb, une jolie brune de 19 ans dont le corps avait été atrocement mutilé. Elle était l’une des trois jeunes femmes volatilisées aux abords de la gare perpignanaise entre 1995 et 1998, et dont seulement deux corps ont été retrouvés.

Mais le suspect n°1 a fait marche arrière. Fin janvier, Jacques Rançon a demandé à être de nouveau entendu par le juge d’instruction chargé de l’enquête. Dans le bureau du magistrat, le quinquagénaire est revenu sur ses aveux, affirmant que ceux-ci avaient été obtenus sous la pression. "Aujourd'hui, il dit qu'il a subi des pressions lors des temps de repos pendant sa garde à vue, c'est la raison pour laquelle il est passé aux aveux. Il explique que ses aveux sont une invention", a déclaré son avocat, Xavier Capelet, auprès de France Bleu Roussillon. 

Ce père de deux enfants, familier des séjours en prison, avait pourtant réitéré ses déclarations à plusieurs reprises après sa garde à vue.

Mis en cause par son ADN. En octobre 2014, c’est son ADN qui avait permis de confondre Jacques Rançon. Des prélèvements effectués sur les lieux du crime, notamment sur les chaussures de Mohktaria, avaient isolé un  ADN masculin partiel ayant "matché" avec celui de Jacques Rançon, dont le profil génétique est enregistré au fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). L’homme originaire de Picardie avait déjà été condamné, en 1994, à huit ans de réclusion pour viol sur sa compagne de l’époque. C’était à sa sortie de prison, en 1997, qu’il était venu s’installer à Perpignan.

Mais vendredi dernier, devant le juge, Jacques Rançon a modifié sa version pour expliquer la présence de son ADN sur la scène du crime : Mokhtaria aurait trébuché dans la rue et perdu une chaussure qu’il aurait ramassée pour la lui rendre. Voilà comment son empreinte génétique aurait été retrouvée sur le corps de la jeune fille.

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Une ligne de défense peu crédible ? Alors que l’homme risque 30 de réclusion criminelle, ce retournement de situation laisse perplexe. "Il est à l'isolement depuis 5 mois, il est seul, il ne dialogue avec personne et cet isolement commence à lui peser sur le plan psychologique et c'est peut-être une des raisons pour laquelle il ne sait plus trop comment se défendre", a admis son avocat à France Bleu Roussillon. Me Capelet pourrait plaider auprès de la chambre d’instruction l’annulation des procès-verbaux d’audition de son client, suite aux pressions exercées sur celui-ci en garde à vue. Toutefois il entend rencontrer Jacques Rançon en détention, la semaine prochaine, avant de prendre toute décision, rapporte L'indépendant.

Une nouvelle victime se manifeste après l’avoir reconnu. Par ailleurs, une victime présumée de Jacques Rançon a témoigné, dans Le Parisien, l’avoir identifié grâce "à sa mauvaise dentition et à ses yeux". "Quand j'ai vu le visage de Jacques Rançon à la télévision après son arrestation, j'ai su que c'était mon agresseur. Je suis formelle. […] Je me suis toujours efforcée de ne jamais oublier son visage", a raconté cette femme aujourd’hui âgée de 36 ans, et qui avait 19 ans à l’époque où elle aurait croisé la route du criminel sexuel, un soir de mai.

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