Comptage des manifestants : il faut croire la police !

Le cortège de la manifestation anti-austérité du 9 avril dernier, à Paris
Le cortège de la manifestation anti-austérité du 9 avril dernier, à Paris © AFP
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avec Alain Acco et AFP , modifié à
Un "comité des sages" désigné par la Prefecture de police de Paris estime que la méthode de comptage des manifestants par les forces de l'ordre est "la meilleure possible".

A chaque grande manifestation dans la capitale, c'est la même rengaine. Les organiseurs contestent les chiffres officiels de participation annoncés par la Préfecture de Police de Paris (PP). Résultat : les chiffres des deux parties varient souvent du simple au double. Afin d'améliorer le comptage des manifestants, la PP a donc mis en place un "comité de sages" qui a rendu ses conclusions mercredi. Verdict : "la méthode de comptage des manifestants" par la PP "est la meilleure possible", a déclaré mercredi la présidente de ce comité, Dominique Schnnaper, universitaire et ancienne du Conseil constitutionnel.

Objectif : mettre fin aux polémiques sur les chiffres. La PP avait demandé il y a un an à un "comité des sages" d'évaluer la méthode policière de comptage des manifestants. Cette requête faisait suite à une nouvelle et récurrente polémique sur les chiffres officiels et ceux annoncés par les organisateurs. Dans la plupart des cas, ces chiffres varient de un à six. Les trois "sages" de ce comité se sont donc rendus avec les policiers sur les lieux de manifestations parisiennes. Ils ont constaté de visu comment la direction du Renseignement (DRPP) comptait les manifestants, souvent de deux points en hauteur et de façon empirique avec un compteur manuel. Le lendemain les policiers peaufinent et vérifient le chiffre grâce à la vidéo.

Une méthode qui "inspire confiance"… "Nous les premiers, avant de faire cette enquête, on ne savait pas du tout d'où sortaient les chiffres de la préfecture de police", a expliqué Dominique Schnnaper au micro d'Europe 1.  "Donc, quand on ne sait pas d'où sortent les chiffres, ils apparaissent comme décidés. Alors que quand on sait comment ils ont été établis, ils inspirent confiance", a-t-elle ajouté.

La présidente du comité a ensuite détaillé la méthode employée par la PP. "Dans les grandes manifestations, il y a quatre fonctionnaires différents, qui ne connaissent pas les résultats de ce qu'ils font. On confronte leurs chiffres et on prend le plus élevé. Ensuite, ce chiffre est confirmé le lendemain, parce que toute la manifestation a été enregistrée et que l'on fait le même travail sur une visionneuse qui permet d'être plus précis", a-t-elle précisé. "Et en général, le chiffre du lendemain est plutôt inférieur à celui diffusé. Donc cela inspire plutôt confiance", a assuré Dominique Schnnaper.

… validée par le comité. Dans leur rapport remis au préfet de police, les "sages" valident donc cette méthode. Ils préconisent cependant de rajouter un troisième point haut de comptage et de "produire non plus des chiffres précis mais plutôt des 'fourchettes'".  Ils appellent également à plus de "transparence" notamment auprès des médias, qu'ils invitent par ailleurs à faire le même travail que les policiers. Le "comité des sages" a reconnu ne pas avoir fait le même travail de terrain  avec des organisateurs de "manifs". Cependant ils assurent avoir rencontré des syndicats qui ont une méthode différente pour estimer leurs troupes.

Ce troisième point de comptage a déjà été expérimenté lors de la manifestation" anti-austérité", le 9 avril dernier. La préfecture avait alors compté 32.000 personnes dans les rues de la capitale, les organisateurs  120.000.