Cinq pompiers jugés pour bizutage

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Europe1.fr (avec Brigitte Renaldi) , modifié à
Le procès de ces hommes, accusés d’avoir grièvement brûlé une de leurs recrues, a débuté mardi.

Cinq pompiers sont jugés depuis mardi après-midi devant le tribunal correctionnel de Draguignan, soupçonnés d’avoir organisé le bizutage violent d’un de leurs collègues. Au-delà du caractère illégal de ce rituel, les combattants du feu sont surtout soupçonnés d’avoir grièvement brûlé une de leurs recrues. "Faut vraiment être con pour faire ça", a lâché le président du tribunal, lors de la première audience.

"Faut vraiment être con"

Dans la nuit du 4 au 5 juillet 2009, les sapeurs de la caserne de Callas, dans le Var, fêtent le diplôme d’un jeune pompier volontaire. Agé de 27 ans, il est parti de la Sarthe, pour venir en renfort dans le Var, particulièrement touché par les incendies cet été-là.

Peu après minuit, la soirée s’emballe, le mélange de whisky et de rosé aidant : le jeune sapeur est réveillé, tiré de son lit, déshabillé, enduit de cirage et d’un produit désinfectant qui devait sans doute contenir de l’alcool. C’est lorsque l’un des pompiers approche un briquet de ses parties intimes que le jeune prend feu.

Grièvement brûlé au premier degré, il est amené à l’hôpital. La victime a été brûlée aux testicules, ainsi qu’à l’avant-bras, la hanche et la jambe du côté gauche. Visiblement choqué, le jeune homme mettra une semaine pour se décider à porter plainte contre les pompiers.

Des pompiers à la barre

"On voulait juste brûler quelques poils. On a l'habitude. On l'a déjà fait", ont tenté de se justifier les cinq prévenus, âgés de 21 à 32 ans. "Je n'ai pas réfléchi, je ne voulais pas le brûler", a assuré celui qui est soupçonné d'avoir tenu le briquet, face à un président de tribunal ulcéré.

“On est en face de la stupidité à l’état pur“, a dénoncé l'avocat de la victime, Me Humbert Senninger, qui considère ce bizutage comme un “jeu de potaches qui ne devrait pas avoir lieu dans le cadre d’une caserne de pompiers“. “Il y a des survivances du passé, des survivances de traditions stupides, on en a la preuve aujourd’hui“, s'est-il indigné.

La menace d’une double peine

Les pompiers volontaires ont déjà été suspendus par leur hiérarchie dans l’attente du jugement. Ils pourraient être définitivement exclus à la fin du procès.