Chantage à la sextape : la conversation entre Benzema et son ami d’enfance

Karim Benzema sortant de garde à vue le 5 novembre 2015.
Karim Benzema sortant de garde à vue le 5 novembre 2015. © MATTHIEU ALEXANDRE / AFP
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Guillaume Biet avec , modifié à
Europe 1 a consulté la retranscription de la communication dans laquelle l’attaquant raconte à son proche comment il a tenté de convaincre Mathieu Valbuena de négocier pour obtenir la suppression de la vidéo. Nos révélations.
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Tout a été enregistré. Dans l’affaire de chantage à la sextape visant Mathieu Valbuena, tous les appels passés par les trois maîtres chanteurs présumés ont été enregistrés par les enquêteurs, également ceux passés par Karim Benzema. Dans l’une des écoutes téléphoniques, l’attaquant raconte de quelle manière il a tenté de convaincre son coéquipier tricolore de négocier avec son meilleur ami. Ce dernier a été contacté par ces trois escrocs pour inciter Karim Benzema, son ami d’enfance, à négocier avec Mathieu Valbuena.

>> Europe 1 a pu consulter la retranscription de cette communication.

Une conversation de 20 minutes. La conversation remonte au 6 octobre dernier. Alors que les Bleus sont à Clairefontaine, Karim Benzema appelle son ami d’enfance, ce délinquant lyonnais qui lui a demandé de jouer l’intermédiaire auprès de Mathieu Valbuena. Il est 22 heures, durant cette conversation de vingt minutes, Karim Benzema raconte en détail comment s’est passé son échange avec Mathieu Valbuena, quelques heures auparavant.

Au cœur des "négociations", une "sextape" tournée par Mathieu Valbuena en compagnie d'une femme. Une vidéo intime subtilisée par trois escrocs qui ont tenté de le faire chanter, en utilisant Karim Benzema comme intermédiaire.

"Si tu veux que la vidéo elle soit détruite, mon ami, il vient te voir à Lyon". D’emblée, le buteur vedette donne le ton à son ami : "Je pense qu’il nous prend pas au sérieux". L’attaquant explique alors que Mathieu Valbuena a pensé au début que tout cela n’était qu’une "blague".

Karim Benzema rapporte alors comment il a argumenté pour prouver à son coéquipier que la menace était sérieuse. "Je lui ai dit : ‘moi je vais t’arranger la sauce. Faut que tu vas voir le mec (sic). Il va venir. Il va te parler. Mais je te donne ma parole que y a pas d’autre copie (de la sextape, ndlr)’", rapporte dans ces termes Karim Benzema à son proche. Un peu plus tard, l’attaquant poursuit : "je lui dis : ‘si tu veux que la vidéo elle soit détruite, mon ami, il vient te voir à Lyon, tu vois directement avec lui’".

"Mais dans la vidéo, tu vois mes tatouages ?". Mathieu Valbuena aurait alors insisté pour savoir si Karim Benzema a, lui aussi, vu cette vidéo. "Il me dit : ‘mais dans la vidéo, tu vois mes tatouages ?’ Je lui ai dit : ‘tu vois tout’", rapporte encore l’attaquant. Ce dernier précise ensuite à son proche qu’il a prétendu à Mathieu Valbuena avoir vu la vidéo. "Je lui ai dit : ‘la vidéo, je l’ai vue il y a une semaine, avant de venir’".

Le buteur raconte alors que Valbuena est "en panique", qu’il "commençait à avaler deux, trois fois de travers". Détaché, Karim Benzema conclut : "Je lui dis : ‘de toute façon tu fais comme tu veux’ (…) tu veux pas, bah fais ta vie, mais moi, je t’ai prévenu’".

"S’il veut pas, bah laisse, il va se démerder avec ces piranhas." Avant de limiter son rôle, tout en incitant Mathieu Valbuena à payer : "moi, mon but, il s’arrête là. Maintenant, mon ami, il prend la relève, c’est lui qui connaît la personne qui a ta vidéo, moi, je la connais pas. Maintenant, tu veux régler tes histoires, donne ton numéro, je lui donne et tu vois avec lui".

Tout au long de cet échange, Karim Benzema et son ami rigolent au téléphone. Les deux hommes semblent très détachés; presque potaches. A l’ami de Karim Benzema de résumer : "nous, de toute façon, on est là pour l’arranger, s’il veut pas, bah laisse, il va se démerder avec ces piranhas." Avant de conclure : "après, peut-être qu’ils vont lui demander, je sais pas, deux places de foot ou je sais pas quoi". Car dans cette affaire, à aucun moment, les maîtres chanteurs ont clairement formulé ce qu’ils voulaient en échange.