Ce que l'on sait sur la série d'attaques dans l'Aude

trèbes
© PASCAL PAVANI / AFP
  • Copié
A.H. avec AFP , modifié à
Un homme se réclamant du groupe Etat islamique a pris en otage plusieurs clients et employés d'un Super U de Trèbes vendredi. Il avait auparavant attaqué un automobiliste et un groupe de CRS. Il a finalement été abattu. Le bilan est d'au moins quatre morts.

Une série d'attaques a été menée vendredi matin dans le département de l'Aude, dans le secteur de Carcassonne. Un homme se réclamant du groupe Etat islamique a pris en otage, pendant près de quatre heures, les clients et employés d'un magasin Super U, situé dans la commune de Trèbes. Auparavant, dans la matinée, il avait volé un véhicule, tuant son passager, et avait tiré sur un groupe de CRS qui effectuaient un footing, blessant l'un d'entre eux à l'épaule.

L'assaut a été donné peu avant 15 heures dans ce supermarché, et le suspect a été abattu. Le bilan fait état d'au moins quatre morts et seize blessés, dont deux se trouvent dans un état grave.

Les principales informations à retenir :

  • Une série d'attaques, dont une prise d'otages, a été menée dans le secteur de Carcassonne, vendredi matin.
  • Quatre personnes sont mortes et seize ont été blessées, dont deux se trouvent dans un état grave.
  • L'assaut a été donné et le preneur d'otages abattu.
  • "Une proche" de l'assaillant a été placée en garde à vue vendredi soir.

Que sait-on de la série d'attaques ?

L'attaque s'est déroulée en trois temps.

Une première attaque contre un automobiliste. Le suspect a d'abord volé une voiture dans une cité de Carcassonne, située à proximité de la caserne de CRS. L'assaillant a tué le passager et grièvement blessé le conducteur afin de s'emparer du véhicule.

Une deuxième attaque contre des CRS. Au volant de cette voiture, le suspect a ensuite pris la route et ouvert le feu sur quatre CRS. Les gendarmes, issus d'une compagnie marseillaise, faisaient un footing lorsqu'ils ont été pris pour cible par le tireur. Un CRS a été blessé légèrement à l'épaule. 

Une prise d'otages pendant quatre heures. L'homme a poursuivi son sanglant périple en se rendant au Super U de Trèbes, une commune d'un peu plus de 5.000 habitants, située à quelques kilomètres de Carcassonne. Selon les premiers éléments de l'enquête, l'homme a pénétré vers 11h15 dans ce supermarché et retenu plusieurs clients à l'intérieur. Des coups de feu ont été entendus.

"Un homme a crié et a tiré des coups de feu à plusieurs reprises", a raconté une cliente du supermarché. "J'ai vu une porte de frigo, j'ai demandé aux gens de venir se mettre à l'abri. Nous étions dix et nous sommes restés une heure. Il y a eu encore des coups de feu et on est sortis par la porte de secours derrière". 

L'antenne du GIGN de Toulouse était sur place, soutenue par les policiers d'élite du Raid et de la BRI. 

Comment s'est déroulé l'assaut ? 

Après plusieurs heures de négociations, les gendarmes du GIGN ont donné l'assaut vers 14h20 dans le supermarché après avoir entendu des coups de feu à l'intérieur du magasin. Le suspect, qui était retranché avec un gendarme, a été abattu. Le gendarme, qui avait pris la place d'un otage dans le cadre d'un échange, est mort dans la nuit de vendredi à samedi. Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a salué son "héroïsme".

Deux autres militaires du GIGN auraient été touchés, selon des sources proches de l'enquête.

Quel est le bilan provisoire ?

Au total, seize personnes ont été blessées lors des trois attaques, dont deux se trouvent dans un état grave, a précisé Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse.

Un CRS, du groupe de gendarmes qui effectuaient un footing, a été légèrement blessé à l'épaule. Deux personnes sont mortes dans la prise d'otages du supermarché U de Trèbes, le chef du rayon boucherie, âgé de 50 ans, ainsi qu'un client. Une grande partie des employés et des clients du Super U ont réussi à prendre la fuite. 

Selon les informations d'Europe 1, le corps d'une troisième personne a été découvert dans une cité située à proximité de la caserne des CRS. La victime serait morte d'une balle dans la tête. Il s'agirait du passager de la voiture braquée par le suspect. Le conducteur, retrouvé dans un fossé, a été grièvement blessé. 

Le lieutenant-colonel de gendarmerie, qui s'était volontairement substitué à une otage, est mort des suites de ses blessures. Deux autres militaires du GIGN ont également été blessés lors de l'assaut.

Que sait-on de l'assaillant ?

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a rapidement donné l'identité du suspect abattu. L'homme s'appelait Radouane Lakdim, et était âgé de 25 ans. Né au Maroc, mais de nationalité française, il avait fait l'objet "d'un suivi effectif par les services de renseignement" français "en 2016 et 2017", a indiqué François Molins. "Mais ce suivi n'a fait apparaître aucun signe précurseur pouvant laisser présager d'un passage à l'acte terroriste", a précisé le procureur de Paris.

Selon Gérard Collomb, il était "connu pour des faits de petite délinquance". Radouane Lakdim avait été condamné une première fois à Carcassonne le 29 mai 2011 à une peine d'un mois d'emprisonnement avec sursis pour port d'arme prohibé. Il avait été à nouveau condamné le 6 mars 2015 à un mois de prison pour usage de stupéfiants et refus d'obtempérer. Il avait exécuté cette peine en août 2016 à la maison d'arrêt de Carcassonne, a détaillé le procureur de la République de Paris. "Nous l'avions suivi et nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation, mais il est passé à l'acte brusquement", a indiqué le ministre. "C'était quelqu'un de solitaire, qui est passé seul à l'acte vendredi matin".

Un témoin a déclaré que le suspect était armé d'une arme de poing et d'un couteau, et avait crié "Allah Akbar" en rentrant dans le supermarché. L'Etat islamique a rapidement revendiqué l'attaque dans l'après-midi. "L'homme qui a mené l'attaque de Trèbes dans le sud de la France est un soldat de l'Etat islamique, qui a agi en réponse à l'appel" de l'organisation "à viser les pays membres de la coalition" internationale anti-EI, selon un communiqué d'Amaq, l'organe de propagande de l'EI. 

Une proche de l'assaillant, "qui partageait sa vie", a été placée en garde à vue vendredi soir pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste criminelle", a précisé François Molins.