"Bizutage" : une enquête à Poitiers

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avec agences , modifié à
Elle vise à vérifier si des actes de bizutage ont été commis pendant une journée d'intégration.

Les élèves de première année de Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) ont-ils été victimes de bizutage durant leur journée d'intégration ? L'enquête ouverte par le parquet de Poitiers devrait permettre de répondre à cette question.

Si les étudiants ayant participé à l'événement contestent tout bizutage, une vidéo repérée par l'Association contre le bizutage semble montrer le contraire. "L'enquête vise à vérifier si des infractions pénales ont été commises", a simplement précisé une source judiciaire.

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"Un bizutage particulièrement humiliant"

Le dérapage aurait eu lieu le 4 octobre, lors d'une journée d'intégration organisée pour les premières années de licence Staps à la faculté de Poitiers. Une vidéo postée sur YouTube montrait une séquence qui se serait déroulée durant cette journée. La vidéo, retirée depuis, était légendée : "un lieu de regroupement cadré, en plein air où farine, huile, œuf, lait, vinaigre, tomates, mousse à raser, alcool… cohabitent paisiblement".

L'Association contre le bizutage, qui a pu visionner la vidéo, avait attiré l'attention du rectorat sur un "bizutage particulièrement humiliant, avec des étudiants menacés en amphis, nus et salis, la tête dans un bac à contenu immonde". Après avoir été alertée, l’université de Poitiers a saisi à son tour le 25 octobre le procureur de la République Nicolas Jacquet.

Le président de l’université, Yves Jean, s'était toutefois montré perplexe concernant les accusations de bizutage au sein de son établissement. "S’il y avait eu bizutage, tel ou tel étudiant aurait porté plainte", a-t-il déclaré sur France Info. Le président de l'université souhaite désormais que "l’enquête puisse apporter un éclairage objectif sur ce qu’il s’est passé".

"On a passé une très bonne journée"

Dans la foulée, des étudiants qui ont participé à cette journée, de même que son organisateur, ont assuré qu'aucun jeu humiliant n'avait été organisé à cette occasion. Ils ont également précisé qu'aucun des étudiants n'avait été forcé à participer à la moindre activité contre sa volonté.

La vidéo évoquée par l'association comme preuve, aux visages floutés, ne laisserait selon eux pas voir la même réalité lorsque l'on aperçoit les expressions des participants, qui ont l'air joyeux. "La vidéo est trompeuse. Nous, quand on la regarde, on se rappelle aussi les moments que l'on a passés (...) On a passé une très bonne journée", a notamment raconté Emilie, âgée de 19 ans.

Des photos vues sur la page Facebook d'un organisateur montrent encore des étudiants nus, allongés dans l'herbe, couverts de farine ou de mousse à raser. Leur expression est indéfinissable et d'autres autour semblent rire.

Au delà des arguments des uns et des autres, Françoise Mougin, du Comité national contre le bizutage (CNCB), interrogée par Le Figaro, estime qu'il n'y a pas de doute : "c’est un bizutage caractérisé". La loi, qui condamne cette pratique depuis 1998, précise en effet que le bizutage est caractérisé quand on incite "autrui, à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations ou de réunions liées au milieu scolaire et éducatif (…) contre son gré ou non".