Bijoutier tué à Cannes : 22 ans de réclusion pour le tireur

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Marc-Antoine Bindler, Chloé Pilorget-Rezzouk et Brigitte Renaldi avec AFP , modifié à
Stéphane Thouvenel était jugé pour la mort par balle du bijoutier Thierry Unik lors du braquage de sa boutique en 2011 à Cannes.

Stéphane Thouvenel, l'auteur du tir qui a coûté la vie au bijoutier Thierry Unik lors du braquage de sa boutique en 2011 à Cannes, a été condamné vendredi à 22 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises des Alpes-Maritimes pour "vol avec violence ayant entraîné la mort" et "association de malfaiteurs en vue de commettre un vol en bande organisée". La réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans, avait été requise à son encontre par le parquet, jeudi.

Des excuses présentées à la famille. "Stéphane Thouvenel est un petit délinquant, ce n'est pas un criminel", avait plaidé vendredi matin son avocat Fabien Collado. "Ce n'est pas un tueur, il n'y a aucun élément intentionnel", avait ajouté l'avocat, évoquant une équipe "d'amateurs, de pieds nickelés". Juste avant que le jury ne se retire pour délibérer, son client qui a toujours soutenu que le tir était accidentel, a répété : "Je ne trouve toujours pas les mots [...], je suis sincèrement désolé". Ses trois co-accusés ont eux aussi pris la parole pour présenter leurs excuses à la famille de la victime, dont son frère jumeau Michel qui continue de travailler à la bijouterie, transformée depuis en forteresse, dotée de seize caméras de surveillance, de vitrines blindées et de fumigènes.

De dix à 15 ans de prison pour les complices. Les trois comparses de Stéphane Thouvenel, considéré par l'avocat général comme "l'artisan principal du crime", ont eux été condamnés à des peines de 10, 12 et 15 ans de réclusion, alors que des peines de 15 à 25 ans avaient été requises contre eux. Yassine Grabsi, 34 ans, décrit par l'avocat général, Philippe Toccanier, comme un "hors-la-loi, qui change de téléphone en permanence et dont les revenus sont exclusivement occultes", a écopé de 15 ans de réclusion. Tandis que Natalino Semedi Cabral, 25 ans, s'est vu infliger une peine de 12 ans de réclusion et Hafid Dafri, âgé de 44 ans, une peine de dix ans. Tous ont été jugés coupables de "vol avec violence ayant entraîné la mort" et d'"association de malfaiteurs en vue de commettre un vol en bande organisée".

La famille "écœurée". Mais ces peines ont suscité la fureur des parties civiles qui les ont jugées trop légères. A l'annonce du verdict, le frère jumeau de la victime n'a pas fait un geste, pas dit un mot, comme assommé. C'est avec les mâchoires serrées que Michel Unik est sorti du tribunal. "Je vais fermer mon magasin et me tirer de ce pays", a-t-il lancé, lui qui avait rouvert sa bijouterie après le décès de Thierry. "Mon frère, dans combien de temps il sortira ? Dans 22 ans ?", a-t-il poursuivi, laissant éclater sa colère. "Je suis écœuré de la justice française. J'ai envie de vomir".

Un braquage qui avait créé un vif émoi. Le 26 novembre 2011 dans le quartier populaire de Cannes-la-Bocca, dans l'ouest de la ville, le braquage de la bijouterie des frères Michel et Thierry Unik a coûté la vie à Thierry, 42 ans, tué d'une balle dans la tête. En fin de journée, trois hommes cagoulés avaient pénétré dans la boutique, tandis qu’un quatrième faisait le guet à l’extérieur. Immédiatement, l'un des hommes avait frappé Thierry Unik avec le canon de son fusil à pompe, avant que l'un de ses complices lui tire dessus et le blesse mortellement à la tête.

Dans un contexte national de recrudescence des vols à main armée contre les commerces de métaux précieux cette année-là, l'affaire avait suscité une vive émotion. Le hold-up avait duré moins de deux minutes, selon les caméras de vidéosurveillance à l'intérieur de la bijouterie. Les malfaiteurs avaient raflé les bijoux en or et pris la fuite sur une moto et un scooter volés. Ils avaient été interpellés fin janvier 2012. 

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