Assaut du Raid à Saint-Denis : huit suspects interpellés, deux tués

Assaut Raid
© KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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G.S. et C.P.-R. avec agences et le service Police/Justice d'Europe1 , modifié à
Une fusillade a éclaté mercredi tôt le matin à Saint-Denis, lors d'une opération policière. Deux terroristes présumés sont morts et huit personnes sont en garde à vue.

Huit personnes ont été interpellées et placées en garde à vue mercredi, à l'issue d'un assaut très violent donné contre un appartement à Saint-Denis, au nord de Paris, par les forces antiterroristes. Au moins deux suspects sont morts dans cette opération d'envergure, lancée dans le cadre de l'enquête sur les attentats de vendredi. Des éléments laissaient penser qu'Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le chef opérationnel des attentats, était dans cet appartement situé non loin du stade de France, a expliqué le parquet vers midi. Une violente fusillade de plusieurs heures a éclaté pendant l'assaut, vers 4h30 du matin. L'assaut en tant que tel s'est terminé vers 7h30, mais l'opération de sécurisation s'est déroulée jusqu'en milieu d'après-midi.

     >> Les informations à retenir

  • Une opération du Raid et de la BRI, mobilisant 110 policiers, a eu lieu mercredi à l'aube, à Saint-Denis
  • Le chef opérationnel présumé des attentats de vendredi, Abdelhamid Abaaoud, était ciblé
  • Une fusillade a éclaté lors de l'assaut, faisant cinq blessés chez les policiers
  • Il y a eu huit interpellations et au moins deux suspects sont morts, dont une femme kamikaze

Deux terroristes morts, peut-être trois. Le bilan fait état d'au moins deux morts. Deux corps ont été retrouvés dans l'appartement : celui de la femme kamikaze qui a ouvert le feu sur la police avant de se faire exploser avec une ceinture d'explosifs, et celui d'un homme criblé de balles et d'éclats de grenades, le rendant difficilement identifiable. Les enquêteurs attendent notamment des expertises ADN pour comparer les empreintes relevées avec celles d'Abdelhamid Abaaoud.

D'après nos informations, des éléments laissent penser aux enquêteurs qu'il pourrait y avoir un troisième mort dans les décombres, difficile d'accès. Une information qui n'a toutefois pas été confirmée par le procureur de la République de Paris, lors de la conférence de presse donnée mercredi à 19 heures. "Il n'y a pas de bilan précis du nombre définitif et des identités des personnes décédées, si ce n'est qu'il y a au moins deux morts", a indiqué François Molins.

Abdelhamid Abaaoud, le terroriste belge originaire du quartier de Molenbeek, cible de l'opération, pourrait-il cependant figurer parmi les morts ? Pour l'instant, la seule certitude est que ni Salah Abdeslam, toujours activement recherché, ni Abdelhamid Abaaoud ne figurent parmi les huit suspects arrêtés.

  • LE FILM DES ÉVÉNEMENTS

Une opération démarrée dans la nuit. Des échanges de tirs nourris ont éclaté mercredi matin dans le centre de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, où le Raid, l'unité d'élite de la police nationale, et la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) sont intervenus dans le cadre de l'enquête sur les attentats de vendredi soir, à Paris.

L'opération, qui a mobilisé 110 hommes, a débuté vers 3h30 et a duré 7 heures au total. L'assaut en tant que tel, lui, semble avoir pris fin vers 7h30 du matin. Mais l'opération de sécurisation s'est prolongée dans la journée. Au moins cinq suspects étaient retranchés au troisième étage d'un appartement rue Corbillon, situé près de la place Jean-Jaurès et de la basilique Saint-Denis, où sont enterrés les rois de France, a-t-on précisé de source policière.

Huit personnes placées en garde à vue. Trois suspects - dont l'un blessé au bras a été hospitalisé - étaient retranchés dans l'appartement. Ils ont été interpellés et immédiatement placés en garde à vue. "Leurs identités sont en cours de vérification", a indiqué le procureur de Paris. Deux hommes, dont on ignore le rôle, ont été arrêtés dans un appartement mitoyen, alors qu'ils étaient en train de se cacher dans les gravats.

Un autre individu a également été placé en garde à vue. Tout comme un couple, interpellé à l'extérieur, à proximité de la planque, et dont l'homme serait un certain Jawad B. Ce dernier a expliqué qu'il s'agissait de son appartement et qu'il aurait hébergé les terroristes sur la demande d'amis, sans savoir qui ils étaient. Ce trentenaire, qui a été condamné en 2008 à huit ans de prison pour le meurtre de son meilleur ami, aurait fourni l'accès à l'appartement - une sorte de squat, d'après les témoignages de riverains - vraisemblablement en échange de rémunération.

18.11.Carte Saint Denis.GOOGLEMAP V2.1280.640

Cinq policiers ont été légèrement blessés durant cet assaut inédit en France, qui s'est révélé très délicat. En ce qui concerne d'éventuelles victimes collatérales, les informations sont confuses depuis mercredi matin. Les pompiers de Paris évoquaient un blessé civil, mais cette information n'avait toujours pas été confirmée de source policière mercredi soir. Enfin, "Diesel, un malinois de sept ans, chienne d'assaut du RAID, a été tuée par les terroristes dans l'opération en cours", a également indiqué la police.

L'opération de sécurisation terminée. Après cette matinée agitée, le calme est revenu dans le centre-ville de Saint-Denis dans l'après-midi, après sept longues heures durant lesquelles près de 20.000 habitants ont dû rester confinés chez eux. Les forces de l'ordre et la police scientifique inspectaient durant ces longues heures le quartier pour s'assurer qu'il soit sécurisé et recueillir des indices. Les policiers ont même défoncé à coups de haches, peu avant midi, une porte de l'église Saint-Denys-de-l'Estrée et pénétré dans le lieu de culte, sans que l'on connaisse les raisons de cette intervention. 

Quel était le but de l'opération ? Au moins deux des auteurs présumés des attaques de vendredi étaient encore activement recherchés, Salah Abdeslam, un second fugitif encore non identifié, ainsi que d'éventuelles personnes liées aux attaques, dont le Belge Abdelhamid Abaaoud, potentiel chef opérationnel des attaques. Ce dernier était d'ailleurs l'une voire la cible privilégiée de l'opération, a-t-on appris de source policière. Il s'agissait d'une opération dans un cadre judiciaire, ciblée, et non une perquisition administrative au hasard dans le cadre de l'Etat d'urgence.

Pas une cible choisie au hasard. Elle a été rendue possible grâce à "la téléphonie", à "la surveillance" et "aux témoignages", des éléments qui "laissaient penser que le commanditaire présumé des attentats était présent", a indiqué mercredi midi le procureur de Paris, François Molins.

Les enquêteurs, qui ont notamment retrouvé un portable dans une poubelle à proximité du Bataclan, ont eu le temps de faire parler les données. Une surveillance aurait également été en place sur la jeune kamikaze, qui pourrait être la cousine d'Abdelhamid Abaaoud mais n'a pas été formellement identifiée.

Surtout, un témoignage clef faisant état de la présence du djihadiste Belge sur le territoire français a été livré aux policiers lundi, en fin de journée. C'est à partir de celui-ci que les policiers se sont orientés sur la piste de l'appartement des terroristes, a précisé mercredi soir François Molins.