Attentat en Isère : ce converti fréquenté par Salhi

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Arthur Helmbacher et avec AFP , modifié à
Au début des années 2000, l'auteur présumé de l'attaque de Saint-Quentin-Fallavier a côtoyé un certain Frédéric Jean Salvi, alias "Grand Ali". Un converti soupçonné d'avoir préparé des attentats en Indonésie. 

Deux jours après l'attentat mené vendredi contre l'usine Air Products de Saint-Quentin-Fallavier, dans l'Isère, on en sait plus sur le profil et le parcours de Yassin Salhi. L'auteur présumé de l'attaque se serait radicalisé au contact d'un homme soupçonné d'avoir préparé des attentats en Indonésie, aux côtés d'Al-Qaïda. 

Condamné pour stups, il se convertit en prison. Au début des années 2000, Yassin Salhi habite à Pontarlier, dans le Doubs. Il côtoie alors un certain Frédéric Jean Salvi, rebaptisé "Grand Ali", après sa conversion à l'Islam, en référence à sa taille. Arrêté en 2000 et condamné pour un trafic de stupéfiants à la faculté des sports de Besançon (Staps) où il étudiait, Salvi est libéré en 2001 et revient entre 2003 et 2004 à Pontarlier, sa ville natale.

C'est durant sa détention qu'il se convertit à l'islam et semble s'être radicalisé. Cet homme aux cheveux châtains et à la petite barbe blonde, est le dénominateur commun de la radicalisation de sept à huit jeunes musulmans de la ville, dont Yassin Salhi. C'est dans ce groupe que le suspect de l'attentat de Saint-Quentin-Fallavier est repéré par les services de renseignements, jusqu'à faire l'objet d'une fiche "S" entre 2006 et 2008.

"il voulait interdire le discours de l'imam". A Pontarlier, l'actuel trésorier de la mosquée de la ville, se souvient d'une scène survenue à cette période, quand le "Grand Ali" a tenté une sorte de putsch pendant un prêche de l'imam. "Ali s'est levé et il voulait carrément interdire le discours de l'imam. Moi, en tant que fidèle, je me suis mis debout et je lui ai dit que ce n'était pas un converti qui allait nous montrer l'islam. Il voulait prendre le pouvoir et gérer le discours de la mosquée. On a fait barrière et depuis ce jour-là, on a plus eu de nouvelles", se souvient-il au micro d'Europe 1.  

Un projet d'attentat estampillé Al-Qaïda. La trace du "Grand Ali" se retrouve en Indonésie, en août 2010. Il est désigné par les autorités indonésiennes comme parmi les suspects dans un projet d'attentat avec des militants d'Al-Qaïda à Djakarta. Salvi échappe à ce coup de filet. Mais la police indonésienne arrête cinq personnes sur l'île de Java et saisit des substances explosives dans un atelier clandestin, ainsi qu'un véhicule appartenant au Français.  L'engin devait semble-t-il servir à commettre un attentat à la voiture piégée. La police avait alors sollicité l'aide d'Interpol pour le retrouver.

Le mystérieux destinataire des photos de Salhi ? Où se trouve Frédéric Jean Salvi aujourd'hui ? Difficile de répondre précisément à cette question. Âgé de 36 ans, et père de deux filles, il aurait quitté la France en 2008 avant l'Indonésie. Il serait désormais installé dans une ville britannique, selon une source proche du dossier qui n'a pas précisé laquelle, ni s'il y entretenait toujours des liens avec la mouvance islamiste radicale. Peut-il être l'homme qui se cache derrière le mystérieux numéro canadien a qui Yassin Salhi a fait parvenir des photos de la tête de son employeur vendredi ? C'est une des nombreuses questions auxquelles les enquêteurs devront répondre.