Attaque du Thalys : le parcours d'Ayoub El Khazzani se précise

Le procureur de la République de Paris François Molins
Le procureur de la République François Molins lors de son point presse mardi. © MIGUEL MEDINA / AFP
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L'auteur présumé de l'attaque avortée du train Thalys affirme avoir vécu "5 à 7 mois" à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, avant de rejoindre la Belgique. 

Fin de garde à vue pour Ayoub El Khazzani, l'auteur présumé de l'attaque avortée du train Thalys vendredi. Le suspect a été déféré au parquet de Paris mardi et devait être présenté à un juge en vue de sa mise en examen, notamment pour tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise individuelle ou collective terroriste, a annoncé le procureur de Paris, François Molins, mardi. Les enquêteurs continuent de reconstituer le parcours du suspect, de l'Espagne à la Belgique, en passant par la France, la Turquie et la Syrie.  

L'Espagne, entre délinquance et islam radical. Ayoub El Khazzani est né le 3 septembre 1989 à Tétouan, au Maroc. De nationalité marocaine, il se présente aux enquêteurs comme un sans domicile. L'homme a vécu à Algésiras, en Andalousie, dans le sud de l'Espagne, pays dans lequel il bénéficie d'une carte de résident. Dans cette ville, il fréquente "assidûment" une mosquée "connue pour son prosélytisme radical", selon les déclarations du procureur. Le frère du suspect était alors le trésorier de l'institution religieuse.

D'autre part, le suspect du Thalys est connu de la justice espagnole dans des affaires de drogue et de délinquance. Ayoub El Khazzani a été condamné deux fois en 2010, par le tribunal de Madrid, à 10 et 6 mois de prison pour trafic de stupéfiants. L'homme reste aujourd'hui visé dans plusieurs enquêtes judiciaires toujours en cours dans le pays. Il semble qu'il ait finalement franchit les Pyrénées pour la France et une promesse d'embauche, en région parisienne, début 2014.

"5 à 7 mois" à Aubervilliers. D'après François Molins, les déclarations du terroriste présumé varient considérablement d'une audition à l'autre. Ainsi, selon le magistrat, après avoir nié ce séjour, Ayoub El Khazzani affirme avoir vécu "5 à 7 mois" à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, en 2014. Il y travaillait à l'époque pour l'opérateur téléphonique Lycamobile, spécialisé dans les appels internationaux. "Il a effectivement travaillé chez nous sur un CDD de trois mois, du 3 février 2014 jusqu'au 3 avril 2014 ", avait déclaré lundi son ex-employeur. Celui-ci avait par ailleurs précisé avoir mis fin à ce contrat "au bout de deux mois car les papiers qu'il avait présentés ne lui permettaient pas de travailler en France".

Dès début 2014, les services de renseignements espagnols, mis au courant de cette promesse d'embauche en France, signalent Ayoub El Khazzani et son profil d'islamiste radical à la DGSI française. Le Renseignement français vérifient ces informations et émettent alors une fiche "S" transmises à l'ensemble des Etats membres de Schengen. Lors de ce séjour, le suspect "n'avait pas attiré l'attention sur lui" et ne fait l'objet d'aucun contrôle d'identité quelconque, a précisé le procureur.

La Belgique, l'Allemagne, la Turquie…puis la Syrie ? La perspective d'un emploi en France s'évanouie et Ayoub El Khazzani prend alors la direction de la Belgique. Selon ses déclarations, il aurait ensuite vécu à Cologne, en Allemagne, puis à Vienne, en Autriche, avant de revenir à Cologne puis à Bruxelles. Le suspect explique qu'à son retour dans la capitale belge, il aurait vécu dans un parc public, situé près de la gare de Bruxelles-Midi, point de départ du Thalys vendredi. Problème : des perquisitions menées à Bruxelles au domicile de l'une de ses sœurs ont "permis d'établir que le mis en cause avait séjourné très récemment chez elle", ajoute le procureur. 

Le terroriste présumé nie s'être rendu en Turquie. Mais la fiche "S" émise par les services de renseignements français a "sonné", le 10 mai dernier, quand El Khazzani s'envole depuis Berlin pour Istanbul. Son retour en Europe se produit, moins d'un mois plus tard, le 4 juin 2015, quand il débarque en Albanie, à la descente d'un avion en provenance d'Antakya, dans le sud de la Turquie. Une ville située à une petite heure de route de la frontière syrienne.