Attaque contre des militaires à Valence : le point sur l'affaire

Il est aux alentours de 14h30 vendredi lorsqu'un homme dirige délibérément sa voiture sur quatre militaires postés devant la mosquée de Valence, dans la Drôme.
Il est aux alentours de 14h30 vendredi lorsqu'un homme dirige délibérément sa voiture sur quatre militaires postés devant la mosquée de Valence, dans la Drôme.
  • Copié
avec agences , modifié à
Un homme a délibérément dirigé sa voiture sur quatre militaires vendredi, à Valence, dans la Drôme. La piste terroriste est actuellement écartée.

"C’est incompréhensible pour nous qu’un acte comme celui-là soit commis à côté de notre mosquée". L’imam Abdallah n’en revient toujours pas. Vendredi, un homme a foncé sur des militaires qui protégeaient "sa" mosquée, à Valence. Si on sait peu de choses sur les motivations de l’agresseur, la piste terroriste est pour le moment "écartée".

• Ce qu'il s'est passé

Il est aux alentours de 14h30 vendredi lorsqu'un homme dirige délibérément sa voiture, une Peugeot 307 break rouge, sur quatre militaires qui protègent la grande mosquée de Valencedans le cadre du plan Vigipirate. Ils s'écartent mais l'un d'entre eux est percuté au genou. Le conducteur recule et tente à nouveau de renverser les militaires, qui ouvrent alors le feu au fusil d’assaut et au pistolet automatique. L'agresseur est grièvement blessé. Le militaire, quant à lui, est blessé au genou et au tibia mais son pronostic vital n'est pas engagé. Un fidèle de la mosquée, âgé de 71 ans, a également été blessé au mollet, touché par une balle perdue.

>> Une vidéo amateur de la riposte des militaires été diffusée par France 3 :


Des soldats ouvrent le feu sur une voiture à Valence

• Où en est l'enquête ?

La "piste terroriste est actuellement écartée", a déclaré samedi le procureur de la République, évoquant le "comportement d'un individu solitaire". "Le parquet de Paris a estimé qu'il n'y avait pas matière à retenir sa compétence en l'état des vérifications et des perquisitions", a ajouté Alex Perrin, au cours d'une conférence de presse. "Rien ne renvoie sur l'appartenance à un réseau quelconque. Pour autant, l'agresseur, âgé de 29 ans, aurait fait part devant les secouristes "de sa volonté de se faire tuer par des militaires et de tuer des militaires", au motif que ceux-ci "tuaient les gens", a encore dit le magistrat, confirmant ainsi une information d'Europe 1.

"Un des témoins a dit qu'il semblait faire une prière au moment où il a percuté les militaires", a ajouté le procureur de la République. Mais "ses motivations sont pour l'instant inexplicables", a-t-il relevé, même si, lors de l'assaut, "il aurait notamment proféré 'Allah est grand', ce qui montre un lien avec une certaine religiosité". Pour autant, selon le procureur, "ni arme ni document en relation avec une éventuelle appartenance à un radicalisme religieux ou à des mouvances terroristes" n'ont été retrouvés dans son véhicule. Une perquisition au domicile de l'agresseur s'est révélée négative "dans un premier temps". Son matériel informatique était en cours d'exploitation par les enquêteurs au moment de ce point presse. En fin de journée, le procureur de la République a annoncé la présence d'"images de propagande djihadiste" sur l'ordinateur du forcené.

• Qui est cet automobiliste ?

L'homme qui a foncé sur quatre militaires est âgé de 29 ans. Il est originaire de Bron, une ville située dans la banlieue lyonnaise. C'est un Français d'origine tunisienne, "un musulman pratiquant, mais pas radical", qui "fréquentait la mosquée de Bron et occasionnellement la mosquée de Valence", où vit sa belle-famille. Le procureur de la république a indiqué que l'homme était "inconnu des services de renseignement" et "sans antécédents pénaux".

• La communauté musulmane sous le choc

L’imam de cette mosquée, réputée ouverte et tolérante, a tenu samedi un office pour réunir ses fidèles, toujours très choqués. "Des fidèles sont venus me voir en larmes, parce qu’on a tissé des liens de fraternité et d’amitié avec ces militaires. Ce sont nos enfants, nos frères", explique-t-il au micro d’Europe 1. "C’est incompréhensible pour nous qu’un acte comme celui-là soit commis à côté de notre mosquée". Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a, quant à lui, condamné "l'agression lâche" contre ces militaires. "Dans l'attente des résultats de l'enquête qui détermineront les véritables motivations de l'agresseur, le CFCM réitère son appel à la sérénité et à la vigilance à l'ensemble de nos concitoyens", a ajouté Anouar Kbibech, le président du CFCM.

• Les réactions politiques

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian ainsi que le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve ont publié un communiqué commun suite à cette attaque. Ils apportent "leur soutien aux militaires visés" et "renouvellent leur gratitude envers l'ensemble des policiers, gendarmes et militaires actuellement engagés sur le territoire national pour assurer la protection des Français.

De son côté, Manuel Valls a également apporté son "soutien au militaires attaqués" sur Twitter.