Une victime de l'"arnaque aux faux virements" témoigne

© Capture France 2
  • Copié
Noémie Schulz avec , modifié à
L'une des victimes de Gilbert Chikli, l'inventeur de "l'arnaque au président", confie les méthodes employées par l'escroc, jugé depuis lundi, à Paris.

Il est le pionnier de l'arnaque "au président", cette escroquerie aux faux virements qui consiste à se faire passer pour le patron d'une entreprise pour détourner de l'argent. L'inventeur de cette arnaque, Gilbert Chikli, est jugé depuis lundi, à Paris. Il est soupçonné, avec 17 autres prévenus, d'avoir escroqué une cinquantaine de grandes entreprises et banques françaises, entre 2005 et 2006. Le préjudice s'élèverait à 50 millions d'euros. Europe 1 a rencontré l'une des victimes de ces escroqueries.

Il se fait passer pour un président d'entreprise. Cela fait plus de neuf ans. Pourtant, quand elle en parle, Sabine a encore les larmes aux yeux, traumatisée d'avoir été manipulée par un beau parleur. A l'époque, elle est directrice d'une agence du Crédit lyonnais. Un homme qu'elle croit être le président du groupe l'appelle. Il évoque une enquête sur le blanchiment d'argent, la lutte contre le terrorisme et un agent secret qui doit la contacter. Tout se fait par téléphone. Après des dizaines d'appels, le faux agent secret, mais vrai escroc, la persuade de remettre près d'un million d'euros en liquide à une femme.

"Quand il voit que ça ne fonctionne pas, il active autre chose". "Il applique une méthode de manipulation, comme vous appliquez une méthode de vente. Il vous isole, puisqu'il ne faut absolument en parler à personne. Et puis, quand il voit que ça ne fonctionne pas, il active autre chose. Il vous dit : 'je ne comprends pas, on m'a dit que vous étiez la personne adaptée pour l'opération, du coup on va s'arrêter là : vous n'avez pas le temps de réfléchir, c'est-à-dire qu'il vous pilonne, le plus possible, par des appels répétitifs et successifs, jusqu'au moment où vous allez vous dire que c'est peut-être ce que vous devez faire", témoigne Sabine au micro d'Europe 1.

Rétrogradée, elle finit par démissionner. Quand la banque découvre l'escroquerie, Sabine est rétrogradée et privée de toute responsabilité. Elle préfère alors quitter la banque. Comme Sabine, d'autres employés de grandes entreprises comme Accor, les Galeries Lafayette, les Pages jaunes ou encore le Crédit lyonnais ont vu leur carrière brisée après avoir été bernés par Gilbert Chikli.

Cette semaine, elle aurait aimé faire face à cet homme. Mais Gilbert Chikli s'est refugié Israël, d'où il fanfaronne, en expliquant ne pas être un escroc, mais plutôt un acteur, particulièrement doué.

>> LIRE AUSSI - L'inventeur de l'arnaque "au président" devant la justice